AS SOON AS THEATRABLE
L'ACTORS STUDIO EN OPEN SPACE

Jets d’urine, maquillage aux fruits rouges et chest binder. Au CN D, le performer brésilien transmasculin Pol Pi met son corps à l’épreuve de la misogynie des Anciens comme de ses contemporains. Écrit à la veille de l’arrivée de Bolsonaro au pouvoir, Me Too, Galatée, relecture du mythe tiré des Métamorphoses d’Ovide, reste d’actualité au vu de la violence qui traverse encore la société brésilienne.
Dans une économie de moyens mais avec une extravagance d’esprit, un trio de Cubains exilés en France recontextualise le Boléro de Ravel à la croisée de la politique et de la chorégraphie.

Avec une science aux confins de la sorcellerie, Emma Dante encapsule sur scène le secret des contes de nos enfances. Dans une acception très littérale, elle transforme la fête des morts de Pupo di Zucchero en une folle soirée pyjama dont la nostalgie n’a rien d’inoffensif.

Un air de piano discret, un jeu de lumière solaire et un duo soudé à la vie à la mort : dans une forme dépouillée, les deux circassiennes Liam Lelarge et Kim Marro délaissent roue Cyr et trapèze de prédilection pour La Boule, duo acrobatique et bijou de métaphore relationnelle comme le cirque contemporain sait nous en offrir.

Du krump au contemporain, de la préadolescence à l’âge adulte, le diptyque chorégraphique Silent Legacy relie deux générations et cultures différentes jusqu’à confondre maître et élève.

Avant même la trentaine, la metteure en scène Lisaboa Houbrechts s’est distinguée par ses imposantes fresques collectives, mobilisant aussi bien les motifs du théâtre victorien que les icônes de la peinture flamande. Derrière un titre faussement naïf, elle engage avec Pépé Chat un projet tout aussi ambitieux : retracer le déclin de l’institution chrétienne, depuis les dérives sexuelles de ses représentants jusqu’à sa liaison dangereuse avec le régime nazi.

Face à une crise profonde et d’une ampleur inédite, les étudiant·es et personnels des écoles d’art et design sont mobilisé·es depuis plusieurs mois avec le soutien d'autres travailleur·euses de l'art uni·es dans un écosystème continu et trop souvent exposé·es à une même précarité.

Le déclencheur peut venir d’une figure mythologique de second plan, d’une lecture qui bouleverse sans prévenir ou d’une blague entre amis qui va trop loin. La metteuse en scène Jeanne Candel construit ses spectacles à l’intuition et en rebondissant d’une œuvre à l’autre. Avec sa compagnie La Vie brève, elle présente au Tandem sa dernière création Baùbo : « une passion d’aujourd’hui où musique et théâtre s’entrelacent ».

#Golri-Réfractaire. En français, on a pris l’habitude d’appeler improprement dièze le symbole précédant les hashtags, ces trend-topics qui alimentent le débat médiatique. Mais on a aussi importé du nouchi, l’argot d’Abidjan, le mot djèze, qui se prononce pareil et qui veut dire affaire. À mi-chemin entre le bruit du monde et les mots des gens, cette nouvelle chronique signée Fanny Taillandier trace sa route dans ce qui nous occupe.

Sonic Protest est un des derniers refuges des marges musicales dans un paysage francilien où les groupes taillés pour les synchros de pub occupent toujours plus de place. Honorons et préservons-le. Voici 4 façons d'aborder son édition 2023, qui en valent d’autres.

Apicultrice, herboriste et apprentie biochimiste, Anne Marie Maes traite la nature comme un répertoire de formes infinies. Au fil de ses expériences, elle produit des textures et des matières inédites qu’échantillonne l’exposition Alchimia Nova à la Kunsthalle de Mulhouse.

Le monde contemporain s’emmure : les barrières anti-migrants font florès à mesure que les inégalités économiques se creusent. Dans ce sport de construction, les États-Unis sont champions. Avec Amexica, la photographe et vidéaste Marie Baronnet documente le quotidien de la frontière américano-mexicaine. Une exposition digne d’une fiction d’anticipation qui dévoile le visage bien réel du capitalisme sauvage.

Les biens nommés Panama Papers suffisent à concevoir ce qu’un petit bout de feuille placé entre de mauvaises mains peut provoquer de désordre. Sculptant et photographiant des maquettes en papier, Thomas Demand enrobe d’un parfum de scandale ce matériau a priori anodin.

Avec ses murs immaculés, ses œuvres intouchables et son silence de mise, le white cube serait-il un lieu sacré, où il fait bon communier ? Avec Calcomanías, Andrés Baron investit la Chapelle Saint-Jacques en prenant l’hypothèse au pied de la lettre pour mieux briser un mythe : pour « faire société », l’art ne se suffit pas à lui-même.

Comment le sida a-t-il affecté artistes et institutions culturelles ? Au Palais de Tokyo à partir du 17 février, Exposé.es rassemble le travail de plusieurs figures artistiques marquées par l’épidémie en suivant l’analyse sensible et instruite qu’en a faite la critique d’art Élisabeth Lebovici dans son ouvrage référence Ce que le sida m’a fait – Art et activisme à la fin du XXe siècle (2017, JRP Ringier). Elle répond à Mouvement, en compagnie du curateur de l’exposition François Piron.
NEW AGE DE PIERRE
LES PATRONS BRETONS DANS UNE FORÊT DE MENHIRS
SORTIR DU XXe SIÈCLE AVEC JONATHAN SADOWSKY
POUR UNE HISTOIRE POLITIQUE DE LA DÉPRESSION

En invitant sur scène le réalité des livreurs à domicile en pleines mobilisations contre les réformes de retraites, Les Délivrés souffre d’une barrière d’actualité qui nous prive de gouter toute la fantaisie de la proposition d'Hélène Iratchet.

Interdiction d’accéder à la dernière création du collectif Rimini Protokoll sans avoir au préalable enfilé gants, casque (et bien sûr masque !). Avec Société en chantier, Stefan Kaegi essuie les plâtres du tout nouveau théâtre de la Comédie à Clermont-Ferrand, et embarque les spectateurs dans les coulisses de l’industrie de la construction.

L’espace de quelques jours à la fin d’un été covidé, en rase campagne bretonne, le théâtre a fait beaucoup de sens en s’interrogeant lui-même au festival Bonus. D’une mise en scène in situ dans un centre commercial à des improvisations vocales en plein air, retour sur les moments forts de cette programmation aventureuse et stimulante.

Fidèle à l’attention qu’il porte à ses contemporains, le metteur en scène Joël Pommerat mêle dans Contes et légendes hyper-réalisme et feinte technologique. Le tout pour dresser le tableau acerbe des relations humaines dans les sociétés sur-connectées.

Vous avez sans doute déjà croisé les femmes nues de l’artiste afghane Kubra Khademi, longs cheveux noirs, peau ocre, un léger sourire flottant aux lèvres. Dans ses dessins, souvent, les unes en cachent d’autres. Qu’elles se tiennent en ligne, telle une armée silencieuse qui ne dit pas son nom (sur l’affiche 2022 du Festival d’Avignon) ou se confondent dans de joyeuses scènes de plaisir collectif lesbien (dans l’exposition Habibi à l’Institut du monde arabe), elles font front, sans drapeaux ni slogans, tendues vers un autre monde.

Certains spectacles sont limpides et fluides. Malgré son titre, Cascade, la dernière création de Meg Stuart n’est pas de ceux-là. On n’en attendait pas moins de la chorégraphe américaine qui fait de l’improvisation, du chaos et d’un temps qu’elle imagine élastique, sa matière première. Dans un univers galactique signé Philippe Quesne, sept danseurs se débattent avec une réalité instable, des réactions en chaîne et des échecs, laissant une perpétuelle impression de faillite et de régénération.

Figure montante de l’avant-garde flamande, Benjamin Abel Meirhaeghe impose son opéra hétéroclite sur la scène contemporaine. Après le cabaret rétro-futuriste A Revue, le jeune metteur en scène dépoussière les Madrigaux de Monteverdi dans une ode à la solidarité et à la liberté des corps.

Entre la tournée des pièces Hard to be soft et Hope Hunt, la création de Lady Magma, Oona Doherty est la star de ce début de printemps en Île-de-France. Sans filtre, la chorégraphe de Belfast évolue par les mots et sur les plateaux avec une sincérité aussi touchante que troublante.

Il est parfois difficile de mettre des mots sur nos états intérieurs et la difficulté d’être soi. Avec ses pièces courtes aussi puissantes que des uppercuts, bien ancrées dans des racines urbaines, la jeune chorégraphe Leïla Ka s’attache à raconter ces zones grises, convaincue que le désordre peut-être un moteur de liberté.

À elle seule, Ariane Loze exerce tous les métiers du cinéma. Toujours flanquée de ses valises de costumes, l’artiste belge ultramobile compose des vidéos qui explorent les personnalités dédoublées, l’engagement politique et les ragots. Les SUBS à Lyon accueille sa pièce Bonheur entrepreneur, tableau d’une condition contemporaine où le professionnel ravage le personnel.
Norvège Tabloïd
QUAND L'EXTRÊME-DROITE MINE LA SCÈNE EXPÉRIMENTALE NORVÉGIENNE
ANNA L. TSING, L'ANTHROPOCÈNE ET SES COLLABORATEURS
RENCONTRE AVEC CELLE QUI PENSE LES NOUVEAUX MONDES SAUVAGES
Les doubles de l'artiste
LES PETITES MAINS DERRIÈRE LA GRANDE SIGNATURE