
Véritables ouvriers spécialisés au service d’un nom de l’art contemporain, les assistants d’artiste sont aussi cocréateurs, parfois soutien affectif. Jeunes, enthousiastes, ultraflexibles, ils forment une profession aux contours flous où l’espoir de la reconnaissance future se mêle à la frustration et à la précarité. Rencontres.

Fabrice Hyber dessine et peint des arbres, beaucoup d’arbres, aux racines immenses, tortueuses. Des arbres bleus, rouges, jaunes. Ce qui le fascine dans cette nature, c’est sa prolifération, qu’il épouse en se faisant lui-même un artiste à la production virale. Dans les années 1990, il invente successivement un ballon carré, un masque de plongée dotée d’un miroir pour plonger en soi, une voiture siamoise, une balançoire à godemichet intégré, et une émission de télévision live lancée en pleine biennale de Venise (1997). La petite soixantaine de toile présentée à la Fondation Cartier donne un aperçu d’une pensée en rhizome, volontairement éparpillée, rebondissant d’idée en idée, de toile en toile – il en peint plusieurs à la fois –, dans un décor de salle de classe où les tableaux noirs ont été remplacés par ces fenêtres ouvertes sur le monde.

Guerres, exils, faillites en tout genre : les tragédies humaines semblent vouées à un éternel retour. Comment ne pas céder au nihilisme ? Avec son Théâtre du silence, Djamel Tatah met en scène plus de trente ans de peintures et autant de personnages qui imposent une présence muette et énigmatique, comme un rempart paradoxal à l’absurdité de l’existence.

On les a vus suçotés, pianotés, violentés dans Bacchantes, utilisés comme des cannes dans D’ivoire et chair : les pupitres occupent une place de choix dans le travail de Marlene Monteiro Freitas. De sa monomanie elle a fait une exposition où ces objets prennent vie : Cattivo ou comment prolonger le plaisir du spectacle après le baisser de rideau.

Beaubourg, CAPC : à l’heure des anniversaires et des rénovations, les mastodontes de l’art passent leur examen de conscience. Le Palais de Tokyo fait le sien en plongeant dans l'historique de ses murs, marqués par une série de transformations et de possibles traumas depuis sa construction en 1937. La première étape de ce Grand Désenvoûtement (une exposition et plusieurs rendez-vous jusqu’au 18 décembre), mobilise sociologie, psychothérapie institutionnelle et rituels curatifs, à l’initiative de son nouveau directeur Guillaume Désanges. Qui sont alors les fantômes du Palais, équipement public encore atypique dans le paysage culturel ?

Les Français passeraient en moyenne un tiers de leur vie devant un écran, selon une étude de l’application NordVPN. Au Fresnoy – Studio national des arts contemporains, l’exposition Panorama 24 – L’autre côté sonde la part obscure de ces interfaces, façonnant un portrait de l’humanité contemporaine.

Entrer dans une danse éternelle ou regarder des rêves comme un cartoon : la troisième édition de la Biennale des imaginaires numériques qui a pour thème « la nuit » met la Belgique à l’honneur. Un pays marqué par l’imaginaire surréaliste de Magritte, les cinédanses d’un Thierry De Mey ou les performances de pionniers du hip-hop comme le groupe Benny-B. Dans ce terrain propice à l’hybridation, les « arts numériques » s’affirment comme une discipline à part entière. Tour d’horizon de quelques œuvres retenues par Mathieu Vabre, le directeur artistique, de Marseille à Aix.