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Arts
Comment immiscer la création contemporaine dans des collections patrimoniales bien gardées ? Le Palais de la Porte Dorée, c’est un monument aux murs chargés d’histoire qui abrite le Musée national de l’histoire de l’immigration et un Aquarium tropical. Un lieu qui a changé de nom et d’identité successivement depuis sa construction à l’occasion de l'Exposition coloniale internationale de 1931. Cette saison, le Palais invite 13 artistes à investir ses espaces historiques avec des œuvres inédites inspirées des récits de celles et ceux qui l’habitent. Dans un dialogue entre art, architecture et histoire, ils et elles font parler les murs, donnent la voix aux anonymes, sondent l’esprit des lieux et conversent avec ses fantômes. Balade et rencontre avec cinq artistes invités.
Un simple mot écrit dans de la soie peut être aussi violent qu’un pieu dans le ventre, tant il peut libérer une histoire cruelle enfouie dans les mémoires. Attentive aux propriétés des matériaux qu’elle utilise, Myriam Mihindou révèle les cicatrices de la colonisation, encore bien vivaces, dans le corps social. Son exposition au Palais de Tokyo, Praesentia, se veut une méditation réparatrice : pour soigner, il faut d’abord prendre conscience de la blessure.
Le foutoir écologique engendré par les humains touche un point de non-retour. Mais pas question de moisir sur ce constat alarmiste. À La Terrasse de Nanterre, le duo d’artistes Julie C. Fortier et Gabrielle Herveet rétablit les ponts entre les espèces. Même si le chemin pour nous allier au végétal peut être long et sinueux, il faudra lâcher prise sur nos sens pour le percevoir.
La planète sera non-binaire ou ne sera pas. À l’intersection des arts visuels et de la performance, une quinzaine d’artistes déconstruisent, repensent et pluralisent les identités genrées – et nos perceptions figées avec. Au travers de cette exposition collective, atteindrons-nous le cosmos trans ?
Après l’euphorie de la révolution numérique, la gueule de bois : le secteur, célébré pour ses ressources sans limite, pollue lui aussi. L’association Faire Monde, aux manettes du festival arlésien Octobre numérique, nous immerge dans les ruines du capitalisme virtuel avec une approche écologique. On y expérimente les porosités entre humains et non humains, et entre monde réel ou généré par ordinateur.
Associé à une pratique domestique représentée par les femmes, le Fiber Art est longtemps resté en marge du monde de l’art. Entourée de tisserandes de son pays natal, la Colombienne Olga de Amaral répare cet oubli, à travers une vaste production présentée à la Fondation Cartier pour l’art contemporain.
Les modes de vie citadins nous condamnent à une existence « hors sol » qui renie les principes même du vivant. Avec son exposition De sang chaud et de terre au Plateau, l’artiste lituanienne Eglė Budvytytė engage un rituel de reconnexion aux éléments naturels comme un avertissement : la destruction du paysage implique non seulement celle des humains mais aussi de leur mémoire.
En suédois : « Snö », la neige. « Frid », la paix. Ylva Snöfrid ne distingue pas entre sa vie et son art, jusqu’à cette expérience limite, en haute altitude, où elle peint en risquant la mort. Désormais face à son public, dans le très ancien hôtel de Marle à Paris, au cœur du Marais, la plasticienne suédoise organise un rituel occulte qui doit maintenant faire passer l’ œuvre dans le corps du spectateur.
La « figure » du fantôme fascine, de Victor Hugo aux blockbusters. Mais rares sont les occasions de l’appréhender comme un médium politique. Avec Itinéraires Fantômes au Capc de Bordeaux, les spectres hantent l’espace. D’une œuvre à l’autre, ils réveillent les traumatismes de l’Europe coloniale, depuis les tréfonds des mémoires familiales.