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Une sieste à plusieurs à Taïwan. Un bavardage sur un rond-point à Sri Lanka. Une rando à 3  000 mètres d’altitude au Pérou. L’air est moite et les journées s’étirent : malgré son titre de blockbuster, The Human Surge 3 prend son temps. Au gré de quelques courts et d'un premier long-métrage (The Human Surge en 2016 – le second volet n’existe pas), le réalisateur Eduardo Williams s’est fait l’artisan d’un cinéma d’immersion où le ressenti et la durée priment. Son adjuvant favori pour restituer cette sensualité est la prise de vue à 360°, façon Google Street View ou first person shooter. Son nouveau docu-fiction a été tourné à l’intérieur d’un casque de réalité virtuelle : les glitchs sont fréquents et restitués tel quel ; l’image ultra-panoramique s’affaisse sur les bords comme la Terre vue du ciel. Mais à l’inverse des géants de la tech qui abusent de cette technologie pour contrôler nos villes, le cinéaste argentin s’en saisit pour proposer une observation méditative du genre humain dans son environnement. Formé au Fresnoy sous l’égide du réalisateur portugais Miguel Gomes,  Williams pose un regard multidimensionnel sur des fragments de vie et éclate la mappemonde. Mais si The Human Surge 3 défie les catégories, le film a des antécédents : les embardées les plus mystiques de Terrence Malick, les stases et les zones aqueuses d’Apichatpong Weerasethakul, le naturalisme dans le détail d’Abdellatif Kechiche et l’innovation formelle de l’école expérimentale. Ses personnages, éparpillés dans trois pays du Sud  global, ont aussi des points communs : les frustrations de la précarité, la jeunesse et ses élans. Eduardo Williams invite à sentir le monde à travers leurs yeux, leurs corps. Et à devenir ce spectateur omniscient par le biais d’une technologie détournée à des fins émancipatrices – une fois n’est pas coutume.

Vos acteurs ne sont pas professionnels. Ils partagent d’ailleurs des éléments de leur vécu dans le film. Comment avez-vous mené le casting ?

Contrairement au précédent volet, j’ai cherché des profils de générations différentes. Dans les pays où j’ai tourné, les individus d’âge moyen ont une vie active et n’ont aucune envie d’être acteurs. Ils ont des responsabilités familiales, économiques, et ne peuvent se permettre de quitter leur travail ne serait-ce qu’une journée. Participer à un tournage n’a aucun intérêt pour eux. Je me suis donc concentré sur des jeunes gens qui ne sont pas encore sur le marché du travail, ou des retraités. Le plus souvent, cela passe par du casting sauvage. Je sollicite des personnes dans la rue, dans des ba

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