Dans Les Vilaines, votre premier roman, vous jouiez des codes du conte de fées. Votre nouveau livre, Histoire d’une domestication, raconte au contraire le quotidien luxueux d’une actrice trans, célèbre et très riche, vivant avec son mari et leur fils adoptif. Le vrai conte de fées, c’est celui-ci ?
Non, pour moi, ce livre, c’est un film d’horreur. Je ne connais rien de plus effrayant que de tomber amoureuse, former une famille et s’attacher à quelqu’un pour la vie. C’est aussi un film d’anticipation : à ce jour, en Argentine, aucune actrice trans n’a atteint ce niveau de réussite financière, médiatique ou artistique. Il y a trop d’obstacles.
L’horreur, dans la vie de cette femme dont vous taisez le nom, c’est aussi la célébrité qui l’expose à la critique de tout le pays.
Je suis surprise par le tabou qui enveloppe ce sujet. Aujourd’hui, tout le monde rêve d’un succès viral, de rece- voir des fringues gratuites et de se faire photographier. Mais le prix à payer pour mener cette vie est énorme. L’autre jour, je regardais les photos du MET Gala. Ces actrices qui posent sur les tapis rouges avec leurs talons impraticables et leurs robe