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Les Vilaines. Avec le titre de ce premier roman, aujourd’hui traduit dans une vingtaine de langues, Camila Sosa Villada affichait d’emblée l’horizon hardi de son œuvre. Dans un parc de la ville argentine de Córdoba – région d’où l’autrice est originaire et vit encore aujourd’hui – une bande de femmes trans survit en se prostituant. Malgré leurs grandes gueules et leurs liens solidaires, leur quotidien est marqué par l’exclusion sociale et la violence patriarcale. Volontairement contradictoire, farouchement indépendante, irrévérencieuse par nature, Camila Sosa Villada s’épanouit dans l’art de la réinvention. Histoire d’une domestication – son second roman à paraître en France en septembre – nous téléporte dans un univers aux antipodes : une actrice trans, riche et célèbre, mariée à un très bel homme et mère d’un enfant adopté séropositif, se retrouve confrontée à l’étroitesse de ses choix de vie. Le livre vient d’être adapté au cinéma : Camila Sosa Villada, qui est aussi actrice, chanteuse et poétesse, y tient le rôle principal. « Personne n’était mieux placée que moi pour le faire. » 

Dans Les Vilaines, votre premier roman, vous jouiez des codes du conte de fées. Votre nouveau livre, Histoire d’une domestication, raconte au contraire le quotidien luxueux d’une actrice trans, célèbre et très riche, vivant avec son mari et leur fils adoptif. Le vrai conte de fées, c’est celui-ci ? 


Non, pour moi, ce livre, c’est un film d’horreur. Je ne connais rien de plus effrayant que de tomber amoureuse, former une famille et s’attacher à quelqu’un pour la vie. C’est aussi un film d’anticipation : à ce jour, en Argentine, aucune actrice trans n’a atteint ce niveau de réussite financière, médiatique ou artistique. Il y a trop d’obstacles. 


L’horreur, dans la vie de cette femme dont vous taisez le nom, c’est aussi la célébrité qui l’expose à la critique de tout le pays. 


Je suis surprise par le tabou qui enveloppe ce sujet. Aujourd’hui, tout le monde rêve d’un succès viral, de rece- voir des fringues gratuites et de se faire photographier. Mais le prix à payer pour mener cette vie est énorme. L’autre jour, je regardais les photos du MET Gala. Ces actrices qui posent sur les tapis rouges avec leurs talons impraticables et leurs robe

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