
Des mariages sans musique, des magasins d’instruments reconvertis en épiceries, des salles de cinéma fantômes : depuis le retour au pouvoir des talibans, il y a deux ans, la culture joue au roi du silence. Sous la menace permanente de la police des mœurs, Djs, rappeurs, tatoueurs et autres artistes font le choix de la clandestinité pour survivre.

Les Pays-Bas ont ouvert la voie de la surveillance algorithmique à leurs voisins européens. C’est un principe économique et une position philosophique : du port de Rotterdam aux frontières du pays, il faut que les gens comme les marchandises circulent sans dévier – et qu’on puisse les tracer. Alors que la France argue des JO pour nous servir un grand festin sécuritaire, Mouvement s’est intéressé aux petits gestes du quotidien qui déclenchent de grandes paniques policières outre-Meuse. En avant les hackers.

La jeunesse russe a fui le pays après l’annonce de la mobilisation générale, le 21 septembre dernier. Presque toute la scène punk s’est rencardée à Belgrade : un séjour à l’essuie-glace, sans visa ni visibilité. Entre galères matérielles et expérimentations musicales, désir d’avenir et fausse nostalgie soviétique, 200 000 exilés traînent leurs guêtres dans la capitale serbe. Reportage au raki dans une zone encore libre.

Ils sont journalistes, traducteurs, étudiants en langue ou lecteurs de Tchekhov. Pour eux, la Russie est plus qu’un centre d'intérêt : c’est un horizon professionnel ou culturel, un idéal esthétique, un avenir possible. Depuis l’invasion de l’Ukraine le 24 février dernier, leur penchant pour l’Orient est devenu suspect. Je te cuisine un boeuf Stroganov, tu me soupçonnes de t’empoisonner au Novitchok. Cinquante nuances de russophilie de Moscou à Paris.

C’est une pratique courante : pour inventer, les marques de luxe réunissent de jeunes diplômés des Beaux-Arts dans des appartements parisiens et leur font livrer à manger.
À l’atelier comme à la ville, ils et elles sont sculptrices, vidéastes 3D ou retoucheurs photo. Du travail à la mission mais bien payé, qui permet à toute une catégorie socioprofessionnelle de passer ses soirées à créer « en toute liberté ». Si à 30 ans tu fais pas ton beurre avec la mode, t’as raté ta carrière.

Lydie Salvayre nous prévient : « J’écris parce que je ne sais pas parler. Vraiment. » Pourtant, dire qu’elle se prête au jeu est encore en deçà de la réalité. Formes littéraires, époques, continents, engagements politiques : sa conversation fait feu de tout bois. Dans son texte Irréfutable Essai de successologie, la lauréate du Goncourt 2014 défonce les mondanités culturelles dans un éclat de rire érudit. Une lecture rafraichissante en pleine rentrée littéraire.

Ils communiquent avec les défunts et disent que la mort n’existe pas. Ils croient en l’existence de bons et de mauvais esprits mais pas à l’enfer ni au paradis. Au XIXe siècle, le spiritisme est une croyance de gauche à peine ésotérique ; aujourd’hui, contre l’attrape-nigaud et le charlatanisme, ils sont encore une poignée à courir derrière la « preuve scientifique ». Rencontre avec les spirites qui ont délivré l'esprit de Hitler et pris des nouvelles de Marie Curie.

En Corse, depuis 30 ans, une émission de radio diffusée sur France Bleu à heure de grande écoute fait trembler les élus et glousser dans les chaumières. Le Forum, libre antenne, vieille antienne. Comme en politique, les médias portent des enjeux de « représentation » sujets à désaccords entre l’île et le continent. Cette émission ressemble à la Corse : la proximité sans calomnie. « Bonjour, j’appelle pour vous parler d’autonomie et de mon problème de hanche. »

Rien n’est plus comme avant dans le Jura : le dérèglement climatique modifie les terroirs et le prix du foncier grimpe sous la pression de deux produits-stars : le vieux Comté et le vin non-soufré. Les paysans d’hier sont les nouvelles coqueluches des étoilés. Mais les spéculateurs et les Appellations d’Origine Contrôlée, incapables de s’adapter aux nouvelles pratiques viticoles, alimentent la folie des grandeurs. Chronique d’un succès explosif sous 35 degrés, plus 13 dans la bouteille.