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Scènes
Un peu d’électro-acoustique, huit chanteurs live et quelques casques sans fil : voilà de quoi se compose la jungle du signe de Joris Lacoste. Sur une partition de Luciano Berio, son concert immersif A-Ronne creuse la puissance viscérale du dire, loin du sens et tout près du corps.
Dans son best of performatif Begeraz Top 40, le kamikaze queer et provoc’ Ivo Dimchev déroule une galerie de personnages outranciers à forte teneur parodique. Au festival Impulstanz à Vienne, ce Bulgare encore inconnu en France se paye le monde de la danse dans son propre fief, entre malaise et hilarité, pop et happening.
Le public européen l’a découverte avec le solo Cutless Spring (2019), exploration frontale et sans faux-semblants de sa propre sexualité. Sans rien lâcher de sa gestuelle nerveuse et pantomimique, la chorégraphe et performeuse canadienne Dana Michel quitte pour un temps les boîtes noires et présente MIKE, laboratoire d’attention tout terrain construit à la façon de l’Oulipo. Trois heures durant, l’artiste en pantin mutique déambule entre bobines de rallonge, portants utilitaires et bibelots soigneusement chinés, livrant un hommage pudique aux invisibles de la société de service autant qu’une ode à l’empathie volontaire.
Entre champs et forêts, sept pièces déclinent la polysémie du mot « paysage ». Projet hors-norme conçu par Caroline Barneaud et Stefan Kaegi et porté par le Théâtre Vidy-Lausanne, Paysages partagés nous balade entre nostalgie pour nos jeux d’enfants et profondes réflexions sur nos liens à la nature à l’heure de la sixième extinction de masse.
Enterré avec le covid, le spectacle en distanciel ? Par pour le Hollandais Dries Verhoeven ni pour le Spring Festival d’Utrecht. Le livestream s’avère le médium de choix de My Dear Beloved Friend, pantomime amer mais salutaire sur les archétypes en vigueur entre Occident et « Tiers-Monde ». En direct du Nigéria, dans nos salles en Europe.
Dans Concours de larmes, Marvin Mtoumo est sans ménagement pour son public. Créateur de mode et dramaturge, l’artiste guadeloupéen présente un spectacle hybride et foisonnant d’émotions où défilent des pleureuses en tout genre.
Jets d’urine, maquillage aux fruits rouges et chest binder. Au CN D, le performer brésilien transmasculin Pol Pi met son corps à l’épreuve de la misogynie des Anciens comme de ses contemporains. Écrit à la veille de l’arrivée de Bolsonaro au pouvoir, Me Too, Galatée, relecture du mythe tiré des Métamorphoses d’Ovide, reste d’actualité au vu de la violence qui traverse encore la société brésilienne.
Escape-game citoyen ? Défouloir de pulsions collectives ? La performance interactive Virus de Yan Duyvendak nous fait « jouer à la pandémie » et la société s’y révèle chaque soir différemment. Récit d’une session moins anodine qu’elle en avait l’air.
« Concert chorégraphique » interprété par des danseurs hip hop, la nouvelle création de Rocio Berenguer, BADWEEDS, célèbre le post-anthropocène sur le mode « trans-espèce, mi-humain, mi-végétal ». Un show plaisant à ouïr et à voir malgré quelques longueurs.