CHARGEMENT...

spinner

« Police Nationale, ouvrez ! » Trois hommes en bleu tambourinent à la porte métallique d’un gymnase duquel s’échappe du rap français. « Mais qu’est-ce qu’il se passe ici ? On nous a alertés pour tapage nocturne. » Il est 19h30, et en ce jour de mars 2021, le couvre-feu est déjà bien entamé. À l’intérieur, une vingtaine de jeunes glissent sur la tête, se jettent en l’air et répètent leur footwork dans une euphorie qui tranche avec l’accablement général. L’équipe de France de break s’est rassemblée à Grande-Synthe, en vue des Jeux Olympiques, et n’a franchement pas l’intention de baisser le son : depuis sa fenêtre ou devant sa télévision, c’est le voisinage qui devra s’acclimater à l’énergie hip-hop. « Le break est un serpent qui se faufile partout. C’est une danse qui n’est pas codifiée, il en existe plusieurs visions. On peut y trouver des pas de bourré inspirés du classique autant que des danses africaines. Le break, c’est une éponge qui trouve sa liberté dans sa mutation permanente. » Abdel Mustapha, entraîneur de l’équipe de France, est formel : il est inutile d’arrêter une définition de cette composante de la trinité hip-hop, avec le rap et le graffiti. Depuis quelques cartons jetés par terre dans les cités, le serpent du break s’est hissé sur les plus prestigieuses scènes d’opéra. En moins de 50 ans, il a été sublimé par le succès international des battles, avalé par le cinéma et les comédies musicales, digéré par la politique urbaine, charmé par Red Bull et recraché dans la publicité. Le reptile s’est glissé dans tous les recoins d’une société séduite par ses valeurs : style, performance, respect, musicalité et inclusion sociale. Alors qu’il s’apprête à devenir une discipline olympique, les querelles intestines se réveillent et une partie du milieu hip-hop crache son venin. La culture break va-t-elle vraiment se dissoudre dans l’institution sportive ? Pour d’autres, ce coup de projecteur international est l’occasion d’accélérer la structuration de cette « école de la vie » pour des centaines de gamins. « Le break m’a appris à parler. C’est notre éducation, ça nous a donné confiance », affirme Martin Lejeune, 18 ans, médaille d’argent aux JO de la Jeunesse en 2018. « Cette compétition, c’est un battle comme un autre, avec les médias en plus ! »

 


Du break et des briques


Une odeur aigre s’accroche aux narines. Au loin, les hauts fourneaux projettent des gerbes de flammes bleues dans un ciel étonnamment clair. En arrivant à Grande-Synthe, en banlieue de Dunkerque, impossible d’échapper au spectacle des usines de sidérurgie qui s’étendent sur le front de la mer du Nord. Le gymnase où se rassemble l’équipe de France se situe au cœur du quartier du Moulin, où habitent les familles d’ouvriers depuis la destruction des barres HLM. C’est un ensemble de petites maisons en briques, autour d’un étang, bordé d’espaces verts et d’infrastructures culturelles et sportives. Avec un soleil pareil, le cadre de vie semble idyllique. « J’habitais pas loin, mais il y a eu un accident... La chaudière de ma maison a explosé, tout a brûlé, commence Mathéo Dubar, 16 ans, entièrement griffé Sergio Tacchini. Ma Playstation a été arrosée par les pompiers... ». « Et ça a cramé mes baskets que j’avais laissées chez toi ! », dédramatise Martin, tête blonde encapuchonnée. Avant d’être inséparables, les deux amis étaient rivaux et s’affrontaient en battles avec leur groupe respectif, de Dunkerque et de Calais. Les petits protégés d’Abdel Mustapha se sont rapprochés en 2016 lors du tournage de Super Kids, un télé-crochet de W9. « Au départ, je voulais danser debout et faire des vagues comme Mickaël Jackson. Un jour j’ai vu mon cousin faire une coupole [une rotation sur les épaules – ndlr] dans son salon. Waaah, comment tu fais ça ? J’ai tout de suite oublié Mickaël Jackson et me suis inscrit au cours de break. Je me démarque parce que j’apprends vite. À sept ans, je lançais des saltos arrière et je tombais sur le crâne ! » La plupart de leurs amis, dans le Nord, n’ont pas été piqués par le serpent : ils tuent l’ennui avec les jeux-vidéo, tapent le ballon au city stade après les cours, et sont fiers de leurs potes, sportifs de haut niveau, qu’ils poussent à l’entraînement le soir quand les courbatures sont trop intenses. « Je ne veux pas que le break soit un métier, plutôt mon gagne-pain. Ça me rendrait fou que ça devienne une contrainte », lâche Martin qui met de côté l’argent empoché avec les compétitions, les stages ou les spectacles. « Ça varie d’un mois à l’autre, mais on est bien ! On habite encore chez nos parents... » Sa mère, femme de ménage chez EDF et son père, qui travaille sur le réseau autoroutier, refusent qu’il participe aux dépenses du foyer : « Imagine, tu te blesses et tu ne peux plus danser pendant un an... » « Si mes parents perdent leur travail, je pourrais leur dire : servez-vous », poursuit Mathéo, qui a fait son stage de seconde pro sur le port de Dunkerque, où travaille son père depuis plus de 20 ans. Avec la crise sanitaire, les week-ends à parcourir la France pour des battles ont été remplacés par quelques événements en ligne qui ne les intéressent pas. Le temps commence à être long, mais il ne faut pas décrocher, charbonner à l’entraînement pour conserver son avance. « Le break, c’est de la détermination. Tout peut changer très vite. Le troisième mec qui s’entraîne avec nous est devenu meilleur que plein d’autres en deux ans seulement ! »

 






Le monstre des quartiers


La date de naissance n’est pas certaine, mais on connaît le père et le berceau : DJ Kool Herc, New York, début 1970. Le South Bronx est alors rongé par le chômage et la drogue, et vit au rythme des rixes entre les gangs. Le DJ, immigré jamaïcain, croit en la musique pour apaiser les violences. Il déambule au volant d’une décapotable sur laquelle sont fixées deux énormes enceintes qui crachent Sex Machine de James Brown ou les boucles électroniques de Dick Hyman. Il organise des soirées dans des terrains vagues, directement inspirées des soundsystems de dancehall qu’il observait, gamin, à Kingston. Jazz, funk, reggae, soul, prog rock, disco : la seule règle est celle du groove. Au moment des breakbeats, ces passages de basse/batterie qui ponctuent les parties instrumentales, les danseurs descendent au sol et mêlent danses africaines, capoeira, salsa et même Kung Fu. L’engouement du public est tel qu’avec une seconde platine, Kool Herc allonge manuellement la durée de ces extraits, et nomme ses danseurs particuliers les B-boys et B-girls. En parallèle, le DJ Afrika Bambaataa, ancien membre de gang, constitue la « Zulu Nation », une organisation qui vise à la « prise de conscience hip-hop » et cherche à canaliser la violence par la danse, la musique et le graffiti. Les battles naissent sous la devise « Peace, Love, Unity, and Having Fun ». Spontané et déchaîné, le serpent du break est prêt à conquérir la planète. « Le hip-hop a été importé à Paris avec les VHS, les sapes et les disques glissés dans les bagages des riches qui faisaient des aller-retours à New York, bien avant les premières tournées de la Zulu Nation en 1982. On dit aussi que le break est arrivé avec les militaires. Pendant leurs permissions, les Américains embauchés sur les bases aériennes [surtout celle de Torrejón de Ardoz, en Espagne - ndlr] sortaient en discothèque et dansaient. Les gens ont commencé à s’habiller et à marcher comme eux ! » Yeux rieurs et flot de paroles continu, Yann Salim Abidi déroule la grande et les petites histoires du break. Adolescent dans les années 1990, il parcourait le monde avec des compagnies hip-hop et gagnait le double du salaire de son père, maçon et fan de rock acrobatique. Le quadragénaire, aujourd’hui coach de l’équipe de France, est surtout connu pour avoir été à l’origine d’un phénomène international : Pockemon Crew, le groupe le plus titré au monde, a eu l’effet d’une bombe dans le milieu. Au cours de l’été 1996, Salim réunit « ses petits frères » sur le parvis de l’Opéra de Lyon. Ils viennent du quartier de La Duchère, des cités de Vaulx-en-Velin ou des Minguettes de Vénissieux, et installent leur poste de radio sur le sol lisse de l’institution nationale. Le parvis devient leur fief et leur salle de répétition. « Ça a été une longue bataille avec les agents de sécurité, les racailles, nos parents et la police. On a fait des gardes à vue pour avoir dansé devant l’Opéra ! » se souvient-il. Seuls contre tous, les Pockemon s’entraînent plus durement que les autres. Ils cultivent une hargne, une insolence et une technique qui leur est propre : un style éloigné de celui que l’on voit dans les vidéos américaines, restées égoïstement entre les mains des crew parisiens... Au début des années 2000, les Pockemon se disputent les prix des battles avec les Vagabonds, l’autre grand groupe du break français, et alimentent la rivalité Lyon-Paris. « Ils ont apporté la lyonnie. C’était comme hurler avec un haut-parleur dans un hangar déserté, c’est le métal qui débarque dans la pop ! Ils ont voulu dire au monde entier : on existe », témoigne DJ One Up, 38 ans, en branchant ses platines dans le gymnase de Grande-Synthe. Avant de compter parmi les dix meilleurs DJs de battles du monde, Nicolas Guilloteau, comme n’importe quel adolescent de la campagne piqué par le serpent, a passé ses week-ends à répéter les mêmes tricks sur la place de son village. C’est en 2012 qu’il est réellement entré dans le game des DJs. « J’ai quand même joué en duo avec Grandmaster Flash ! Si on parle de musique, je peux mourir demain », rigole-t-il. Pour lui, il est nécessaire de partager cet historique musical avec la nouvelle génération, parfois lassée par les leçons des anciens. « Mais il faut vivre avec son temps. Le hip-hop ne serait pas devenu ce qu’il est aujourd’hui s’il n’avait pas muté, si certaines choses n’avaient pas été déformées. » Le reptile mue avec la musique, alors DJ One Up laisse allumé son Shazam pendant l’entraînement, quand les plus jeunes prennent le contrôle de la sono et poussent la drill de Pop Smoke et Gazo, ou le rap français de Koba LaD et Nekfeu.

 


Fumer son adversaire


Les doigts du DJ ripent sur la platine, les rythmes afrobeat de The Budos Band font monter la pression d’un cran. Les B-boys et B-girls de l’équipe de France, répartis en deux crews, se toisent de chaque côté du tapis de danse. Acrobatique et technique, chaîne en argent autour du cou, Arnil Nguon lance les hostilités en enchaînant les freezes, ces poses suspendues sur les accents du beat. « 5, 6, 7, 8 », il compte les temps avant de glisser sur la tête, toujours du même côté, exactement sur cette mèche de cheveux qui finira probablement par tomber. Mounir Amhiln hoche la tête sur les cuivres de The Souljazz Orchestra et prend une profonde inspiration. « J’essaie de capter les boucles de la musique, puis je me lance et j’adapte l’écriture de mon passage en live. Ce petit zeste de pression et d’inconnu, c’est la magie du battle. Je peux perdre ou gagner à cause d’un morceau ! » Il finit son passage par une marche en arrière sur les coudes, son geste signature. « 10 mai 2010 : c’est la première fois que je l’ai sorti en battle. Je le précise parce qu’un Brésilien que j’ai croisé en tournoi, un petit phénomène, m’a pompé ce mouvement... Maintenant c’est moi qu’on accuse de plagiat ! » Mounir ne lâchera pas son geste : ce sont justement ces signatures qui font pour lui la qualité artistique du break. « Comme en peinture, c’est important qu’on te reconnaisse à tes formes. Quand je me présente face à un danseur, je veux le battre avec mes propres mouvements, pas ceux des autres. Restons dignes. » En survêt blanc impeccable, Carlota Dudek enchaîne des pas de salsa avant de se jeter par terre dans une vrille aérienne. Sya Dembélé, jeune fille de Saint-Étienne, ne se ménage pas non plus. Elle entre dans l’arène par un salto et embraye avec des gestes de combat à la manière d’une samouraï. « On dit que Sainté, c’est le charbon. Ce n’est pas qu’on est méchants, mais ça ne rigole pas ! On tente des trucs qui font peur à tout le monde. » Son grand frère Damani fait aussi partie de cette aventure de haut niveau. Ce qu’il se passe dans sa tête quand il break ? « Je me dis : j’vais le fumer ! » Pour mémoriser ses combinaisons, il prend des notes sur son téléphone. « Clash, intérieur, main, variante, feinte, pied, coude, départ, thomas, épaule, boule… Et je trouve des noms spéciaux pour les figures que j’invente. » Le jeune homme aux dreadlocks semble monté sur ressorts. « On vient d’une famille de griots du Burkina Faso, des saltimbanques à l’ancienne. Souvent un pas de danse africaine me vient instinctivement, alors je le remixe en break. » Sourire en coin, Martin chauffe ses rivaux et élargit le cercle avec un tour de piste. « Comme les rappeurs, on est un peu des acteurs : je suis meilleur que toi et je vais le prouver. Quand on break, c’est une version de nous amplifiée. » Reconnu par l’équipe comme un B-boy « complet », à la fois technique, musical, créatif et percutant, le jeune médaillé rappelle les limites du battle. « On cherche les autres, mais le contact est interdit. Parfois ça va trop loin.  Ça m’est arrivé de me faire pousser, mais tout mon groupe est monté sur scène ! » Aucun risque de dérapage ce soir : les policiers sont revenus pour jeter un œil admiratif à l’intérieur du gymnase.


Arbitrer le style


S’il n’y avait pas quelques logos de la Fédération Française de Danse, on oublierait presque la raison de ce rassemblement : les Jeux Olympiques de Paris en 2024. En première ligne dans le conflit qui a divisé le milieu, l’entraîneur Abdel Mustapha a essuyé des coups. « Plus de la moitié du hip-hop français était contre l’entrée du break aux JO. Du jour au lendemain, je me suis retrouvé sous les projecteurs, à me faire insulter comme l’ont été les chorégraphes hip-hop dans les années 1990, accusés de vendre la discipline à la danse contemporaine... Ces détracteurs sont devenus intermittents dans les compagnies plus tard ! » Le passage aux JO de la Jeunesse, à Buenos Aires en 2018, participe à dissiper les principales craintes : Non, aucune figure n’a été imposée ; l’originalité fait bien partie des critères de notation ; et les jurys, DJs et MCs sélectionnés sont reconnus par le milieu. Garde-fou auprès de la fédération, Abdel Mustapha veut prouver par les actes que la discipline ne sera pas dénaturée. « On était dans notre bulle à penser que le break était connu de tout le monde. Mais il y a des gens qui ont vu un battle pour la première fois aux JO de la Jeunesse. La vague médiatique a sensibilisé les gens au niveau international. » Sensibilisation rime avec structuration. C’est là l’enjeu crucial pour l’entraîneur qui se bat à tous les niveaux pour défendre les intérêts du break. Maintenant que la discipline est reconnue comme un sport, il s’agira d’en profiter : monter des projets avec les municipalités, réclamer des fonds au ministère des Sports, de la Culture, à la direction générale de la cohésion sociale... « On veut utiliser le break comme un outil de développement. On a créé le premier diplôme d’entraîneur, qui verra le jour en octobre 2021. C’est une grosse évolution. Jusqu’ici, des B-boys pouvaient donner des cours simplement grâce à leur renommée, et faire tourner des gamins de 6 ans sur la tête, sans avoir conscience que ça peut nuire à leur croissance », poursuit Abdel, qui s’est faufilé dans le monde de l’éducation avec un diplôme d’animation. Julien Fiossonangaye, un autre coach de l’équipe, poursuit : « Notre génération n’avait aucun suivi médical. On apprenait tout par nous-mêmes, personne ne nous a montré comment nous échauffer. À 15 ans, on se jetait sur le bitume, on s’est complètement négligés... Résultat : on s’est cassé le corps ». Il tire le col de sa doudoune pour laisser entrevoir son épaule, marquée d’une balafre longue d’une dizaine de centimètres. « En 2018, en plein battle contre les Red Bull BC All Star [réunissant 13 danseurs internationaux - ndlr], je me suis enflammé. J’avais mal depuis longtemps, mais j’ai tout donné. Ça a lâché, on m’a opéré et j’ai dû arrêter de danser. » Tous les danseurs savent que le temps des victoires est éphémère, et rares sont ceux qui montent sur le ring la trentaine dépassée.

 


Éduquer la police


En première année d’un DUT en gestion des entreprises, Carlota Dudek a conscience qu’il faut assurer ses arrières avec un double plan de carrière. « J’ai toujours rêvé d’être danseuse mais instinctivement, c’est important pour moi d’avoir des diplômes. Quand je suis devenue auto-entrepreneuse, j’ai dû m’intéresser au droit des sociétés et à la fiscalité. Ma mère est comptable, elle m’aide ! » Yeux en amandes et boucles châtain, la jeune femme a été repérée lors de son passage aux JOJ. À seulement 19 ans, grâce à un mécénat bancaire, elle peut louer un studio à Montpellier, s’est acheté sa propre voiture et envoie de l’argent à Cuba pour sa grand-mère qui va se faire hospitaliser. « C’est tout nouveau. Je suis l’une des premières danseuses à bénéficier de sponsors grâce à l’entrée en compétition officielle. » Le tournant sportif du break peut être un ticket gagnant : Carlota cumule 30 000 euros d’aides annuelles, jusqu’alors réservées aux athlètes. Pour Mounir Amhiln, c’est surtout un outil de développement social. À 24 ans, il était « aux premières loges » quand le commissariat de Champigny-sur-Marne a été attaqué avec des feux d’artifice, dix jours après qu’un adolescent a été renversé en scooter dans une course-poursuite avec la police. Pour calmer le jeu après les événements, il organise avec son association de break Fondament’all une rencontre entre la police et les jeunes du quartier, et monte une mise en scène de situations d’infractions pour analyser les réactions des forces de l’ordre. « L’un des policiers est venu déjeuner avec nous pour continuer la discussion... Je ne suis pas pour la police, mais c’est atroce pour un gamin de 10 ans d’avoir en tête qu’il faut détester les flics. » Comme d’autres breakers, il donne des cours à des enfants en situation d’autisme, et se rend chaque année au Bénin pour participer à la création d’une école de break dans un village. « On n’y va pas dans une optique misérabiliste, on essaie d’insuffler quelque chose, de partager ce que l’on sait. »

 

En cette fin d’après-midi, le quartier du Moulin s’anime doucement. Des ados font des roues arrière en moto-cross, d’autres transportent des packs de bières, quelques couples promènent leurs molosses. Un groupe de filles s’échauffe près de l’étang avant l’entraînement de volley-ball. « Si les CRS sont partout à Grande-Synthe, c’est à cause des migrants. Le camp a pris feu lors d’un conflit entre les Afghans et les Irakiens... Ceux-là, ils n’ont pas eu le temps d’apprendre le hip-hop pour canaliser leur énergie ! », lâche sans complexe un habitant. Dans quelques heures, à seulement trois kilomètres du gymnase, une « société de nettoyage » mandatée par la préfecture lacèrera au couteau les tentes des migrants dissimulées dans la forêt. Ce même soir, quand l’équipe de France rentre à l’hôtel après le battle, le téléphone de la réceptionniste se met à sonner. « C’était la police ! Ils s’inquiétaient de voir autant de jeunes entrer en même temps dans l’hôtel ! »


Texte : Jean-Roch de Logivière & Léa Poiré 

Photographie : Benjamin Schmuck pour Mouvement