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Le rideau se lève sur un premier tableau tout droit sorti d’un épisode de The Handmaid’s Tale. Dans leurs robes à crinolines et leurs petites coiffes, baigné.e.s dans une lumière rouge écarlate, les danseur.euse.s se mettent en mouvement tels des automates désarticulés. Ils ondulent comme un seul corps, entremêlant leurs silhouettes pour tisser une tapisserie vivante – clin d’œil au fuseau qui piquera la Belle et la plongera dans une nuit de cent ans. Pas de reine ni de roi se désespérant de devenir un jour parents, la maternité est posée d’emblée comme un événement collectif, aux accents légèrement dystopiques. Ne faut-il pas tout un village pour élever une enfant ? Le proverbe revient en mémoire lorsque le nouveau né choyé des fées passe de mains en mains dans l’ingénieux jeu d’optique que créé la valse tournoyante des interprètes.


© Jean-Louis Fernandez


En instituant le groupe comme véritable héros, Marcos Mauro marque une rupture, non seulement avec les contes, mais avec la majorité de nos récits. La petite société du soin qu’il imagine n’a pour autant rien d’angélique. Dégagée des inégalités et de la tentation de hiérarchiser les existences, celle-ci reste soumise à l’uniformisation et aux carcans structurels : le plafond mobile, sans cesse, risque d’engloutir ceux qui essaient d’évoluer sous ses cieux. Mais c’est peut-être parce qu’ils sont ensemble qu’ils trouvent le courage de mener la quête qui est la leur : habiter avec férocité – et grâce – le temps qui leur est alloué, et trouver une voie, aussi exiguë soit-elle, pour vivre libre.



 > La belle au bois dormant de Marcos Mauro et du Ballet de l’Opéra de Lyon a été créé du 15 au 24 novembre à l’Opéra de Lyon. Du 15 au 18 décembre à la Grande Halle de La Villette, Paris

> En replay jusqu’au 22 mai sur Arte Concert

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