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« Il était temps de faire rayonner la culture ballroom ailleurs qu’à Paris », affirme Benoit Rousseau, directeur musiques et danses à la Gaîté Lyrique. Depuis son changement de direction en mai dernier, l’institution garde le cap. Si le krump et le wacking ont maintenant une place de choix sur les scènes des centres chorégraphiques, il est nécessaire de se rappeler de la Gaîté Lyrique comme d’un soutien de la première heure aux danses de club et de rue – dont la culture ballroom, qui gagne toujours plus d’adeptes. Grandes messes de la diversité, des corps hors normes et des identités non blanches, ces battles de danse ont su trouver leur public dans la capitale d’un pays pourtant frileux à l’évocation du concept de « communauté. » Après le Mucem à Marseille, le Centre Pompidou à Metz et le Lieu Unique à Nantes, les acteurs culturels en région sont nombreux à réclamer leur ball. Pour Vinii Revlon, father de la House of Revlon – la plus importante en Europe –, aucune raison de refuser la décentralisation des festivités : « Les queers racisés sont partout et ils expriment un vrai besoin de safe spaces locaux. Ce sera ensuite à eux de s’autonomiser et de créer leurs propres rendez-vous. » Pareil du côté institutionnel, « si le projet donne des idées à d’autres structures culturelles, on ne peut que s’en réjouir », sourit Benoit Rousseau.


© Isabelle Grosse


Le climat ambiant est pourtant loin d’être optimal. En Bretagne, en mars dernier, des militants d’extrême-droite perturbaient un atelier de lecture pour enfants animé par des drag-queens. De façon générale, les violences contre les LGBT sont en augmentation constante en France (+28% des agressions physiques LGBTphobes entre 2021 et 2022 d’après SOS Homophobie). Si les balls de la Gaîté Lyrique et les ateliers d’initiation sont pour l’instant épargnés, Vinii Revlon et Benoit Rousseau sont bien conscients des enjeux, auxquels s’ajoutent ceux de politique culturelle à l’échelle locale : « Quand on sait comment la culture est maltraitée par certains élus régionaux, on est heureux d’avoir encore un lieu pour faire ce que l’on fait. » Raison de plus pour choisir le modèle itinérant et rencontrer des publics moins familiers de cette subculture arrivée des États-Unis dans les années 2010. Pour garder les esprits ouverts à la différence, le ball est aussi un « outil politique très fort », rappelle Vinii Revlon. De passage en juillet à Lyon et Marseille, puis à Metz à la rentrée, Voguing on Tour ose le clash des cultures et concocte une collaboration avec l’Opéra de Lille pour l’hiver.



> Voguing on Tour : The Star of Paris are Shining Ball, le 17 juin à la Gaîté Lyrique, Paris ; All red ball, le 14 juillet à HEAT, Lyon, dans le cadre du festival Intérieur Queer ; White & Blue ball, le 15 juillet au ballet de Marseille ; Touch of gold 2, le 16 juillet au Mucem, Marseille ; Fight For Your Rights Ball, le 16 septembre à Biennale de la danse aux Usines Fagor, Lyon ; Kiki ball, le 17 septembre au Sucre, Lyon ; The Gold  & Black ball, le 8 octobre au Centre Pompidou-Metz, The Halloween Party Ball II, le 28 octobre à la Gaîté Lyrique, Paris ; Orange & White, le 1er décembre à l'Opéra de Lille