CHARGEMENT...

spinner
Avignon, le 10 juillet 2003,

Après l'annulation des festivals d'Aix, Montpellier, La Rochelle, Marseille, Rennes, celle du Festival d'Avignon sonne comme une formidable déflagration dans notre pays. Puisse cet incontestable gâchis nous ouvrir les yeux!
La conduite de la réforme annoncée du régime des annexes 8 et 10 s'est faite au détriment de toute lucidité politique. Voilà des mois que beaucoup
d'entre nous rappelons sans cesse au ministère de la culture l'urgence d'une vraie concertation pour penser, ensemble, une véritable refondation de nos modes de production. Depuis des années, le Syndeac s'est exprimé avec vigueur et constance pour l'ouverture d'un débat national qui interroge l'ensemble des politiques publiques pour l'Art et la Culture. Nos appels, nos interpellations, sont demeurés vains et voilà qu'au beau milieu d'une crise sans précédent on redécouvre soudain les vertus du dialogue et de la concertation.
La crise de l'emploi dans les métiers du spectacle vivant et de l'audiovisuel ne peut se réduire au simple traitement technique, comptable,
d'un fonctionnement du chômage dont chacun s'accorde à convenir qu'il faut
le réformer. Pour preuve, dès 2000 les organisations siégeant à la FESAC
s'emparaient du problème, parvenaient à un accord avec les syndicats de
salariés et proposaient des solutions. Dans le même temps, nous demandions
au ministère de la culture une évaluation nationale des modes de production
et de diffusion du spectacle vivant en France pour définir les termes d'une
relance d'une politique nationale. Or on a laissé aux partenaires sociaux de l'Unedic le soin d'aborder par le petit bout de la lorgnette ce qui exigeait en réalité une large focale.
Les enjeux mis à jour par cette crise ne sont pas nouveaux. Fallait-il en
arriver à un traumatisme de cette ampleur pour qu'ils soient enfin posés, et qu'un ministre de la culture puisse enfin annoncer "dès septembre, un débat national sur le spectacle vivant", et le déblocage au dernier moment de 20 millions d'euros de mesures nouvelles, somme notoirement insuffisante au regard de l'ambition nécessaire? Fallait-il ce séisme professionnel pour parvenir à une prise de conscience publique qui pose aux yeux de toute la nation l'urgence de ce débat?
La politique gouvernementale aujourd'hui à l'oeuvre accumule les signes d'une régression qui désengage la puissance publique de sa responsabilité à placer l'Art tout comme la Recherche en dehors de l'unique logique économique et des règles du marché.
Mais on aurait tort d'imputer le blocage actuel au seul ministère de la
culture. Voilà longtemps que les formations politiques ne développent plus
aucune pensée sur un projet politique où l'Art et la culture respectivement
interrogerait notre devenir et cimenterait une société libre et solidaire.
Nos professions ne se sont jamais autant parlé qu'aujourd'hui. Le formidable mouvement de solidarité qui a vu le jour doit résister aux déchirements du lendemain, aux conséquences économiques et sociales qui apparaissent déjà, aux débats sur les modes d'action à mettre en oeuvre (grève ou pas grève, jouer ou ne pas jouer), pour revenir à l'essentiel.
On ne peut qu'éprouver tristesse et amertume de voir des artistes, des
techniciens, des responsables d'équipements et de festivals, tous déchirés
de ne pas jouer, ne pas rencontrer le public et être contraints à une telle
épreuve de force.
Au sortir de cette crise estivale, les sirènes du désenchantement feront
entendre leur voix. Il faut dès à présent rebondir et nourrir la solidarité
qui nous a réunis. Le 14 juillet prochain, des syndicats d'employeurs du
spectacle vivant, sous la coordination du syndeac, invitent l'ensemble des
organisations syndicales et professionnelles à une réunion de travail pour
préparer ensemble le rendez vous fixé par monsieur Aillagon à la rentrée.

Stéphane FIEVET
Président du Syndeac
10 juillet 2003

Lire aussi

    Chargement...