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Tout se passe comme si l’assaisonnement du récit élémentaire sur l’éclosion d’une jeune (pléonasme!) top model agrémenté par une photo ultra « léchée » avait eu du mal à prendre. Comme si la mayonnaise (ou catalyse) de la sauce « horreur », au lieu de durcir, s’était diluée, rallongée au ketchup.

Pourtant le film ne manque pas d’atouts. Winding Refn étant issu de ce milieu, sa description du monde de la mode est documentée. Et sa variation sur la thématique faustienne de l’éphémère jeunesse convient tout à fait à l’univers chic et toc qui continue à en fasciner plus d’un, et lui en particulier. La précocité ou virginité de l’héroïne incarnée (adjectif sans doute un peu fort!) par Elle Fanning est, dans la haute couture, synonyme de beauté. Avec le risque non seulement de pédophilie mais également de narcissisme que cela suppose – de ce dernier danger, l’auteur semble en être parfaitement conscient.

Nicolas Winding Refn montre avec moult détails l’avènement de la cover girl et observe lucidement, sans lyrisme ni pathos, cette ascension et les moyens techniques requis sur les plans du maquillage, du décor extérieur soigneusement repéré et des intérieurs immaculés, de la mise en scène de photographes « créatifs » de la veine des Newton, Goude ou Lachapelle... Il s’est en outre donné la peine de choisir, pour des raisons économiques ayant aussi leurs effets esthétiques, des objectifs anamorphiques anciens, les fameux « Crystal Express » qui datent de l’âge d’or hollywoodien et qui furent customisés dans les années 1980 par Joe Dunton. Le quadra, on le voit, a pris très à cœur son sujet. On lui passera quelque préciosité ou excès « gore » au finale.

The Neon Demon de Nicolas Winding Refn, sortie française le 8 juin 2016. 

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