CHARGEMENT...

spinner

Il y a quelques années, on pouvait encore s'y payer une parcelle pour une bouchée de pain, et construire sa propre galerie d'art. Le métavers – la connexion des mondes virtuels en réseau – est un Eldorado pour les artistes digitaux. On y rencontre des statues monumentales, du porno immersif et du crypto-art à tendance anarchiste. Depuis que Facebook s’en est mêlé, tout ce beau monde a la même crainte : la gentrification de l’Internet.

Une rencontre extraite du N°113 de Mouvement


Le pied à peine posé de l’autre côté d’un grand miroir que nous voilà projetés en chute libre dans un puits de pixels. Des barres de néons lumineux fusent tout autour de nous. Ceci n’est pas un rêve, ni tout à fait la réalité, mais une œuvre implantée dans le jeu vidéo Fortnite. L’artiste qui l’a conçue n’a pas d’existence physique à proprement parler. LaTurbo Avedon se présente sous les traits d’une jeune femme en 3D, cheveux rasés sur les côtés. Elle vit dans les mondes virtuels, des espaces immersifs et interactifs qu’elle connaît comme sa poche, au point d’en avoir fait le lieu de ses créations. « Ma toute première performance a été de ralentir dans...

mance a été de ralentir dans Chrono Trigger, sur Super Nintendo, raconte l’avatar. Au lieu de jouer au jeu vidéo, mon personnage s’est arrêté pendant plusieurs heures pour écouter le vent qui bruissait. » 


Comme elle, de nombreux artistes investissent ce que l’on nomme désormais le « métavers », soit la connexion de mondes virtuels en réseau, comme dans certains jeux vidéo, offrant la possibilité d’y mener une vie parallèle. Jusqu’alors réservé aux plus geeks d’entre nous – l’idée est née il y a trente ans dans un roman de SF – le terme a récemment circulé sur toutes les lèvres, après que le clone virtuel de Mark Zuckerberg a rebaptisé Facebook « Meta », en octobre dernier. Faire du shopping, organiser des réunions avec ses collègues ou même faire du surf... tout cela sera virtuellement possible dans le métavers. Mais cette annonce du multimilliardaire de la Silicon Valley a eu le don d’énerver la communauté geek et artistique. Avedon la première : « L’entreprise utilise son pouvoir titanesque pour acheter le terme. Elle ne reconnaît pas les mondes virtuels pour ce qu’ils sont : étranges, fluides, inclusifs. Facebook veut mettre tout ça dans une grande boîte générique. » Ce qui attire dans le métavers les artistes que nous avons rencontrés, ce n’est pas tant de pouvoir retr

LA SUITE EST RÉSERVÉE AUX ABONNÉ.ES

+ CONNECTEZ-VOUS