Ni Evgeny ni Valeryia n’avaient jamais mis un pied dans la capitale ukrainienne mais ils avaient déjà, bien sûr, entendu parler du quartier qui allait devenir leur refuge. Le couple connaissait les blagues et les clichés, ce dicton aussi : « La vie m’a brisé – j’ai déménagé à Troieshchyna. » La cité-dortoir, l’une des plus grandes d’Ukraine, est le genre d’endroit où ceux qui n’y vivent pas serrent bien fort leur téléphone quand ils doivent s’aventurer dans ses rues et changent de trottoir à la vue d’une bande de gopniks, ces jeunes en survêt' qui inspirent peu confiance. À en croire les Kiéviens, Troieshchyna serait un repère d’ivrognes et de petites frappes. C’est surtout loin, très loin du centre. Aucun métro, juste quelques vieux bus traversant péniblement la rivière Dniepr sur des ponts embouteillés
Troieshchyna est une cité-dortoir de plus de 200 000 habitants en banlieue de Kiev. C’est le « territoire perdu de la République » par excellence : on dit qu’un ramassis de poivrots y parlent un dialecte plein de borborygmes. Après Tchernobyl, de nombreux « liquidateurs » sont relogés ici – leurs enterrements rythment le passage des saisons. Aujourd’hui, ce sont les déplacés de guerre qui s’y installent. Mouvement est allé toquer à tous les étages.
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