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Le noir et blanc est de rigueur dans l’œuvre minimaliste Songs from Before de Lucinda Childs. La danse, tout en mouvements latéraux répétés, détonne avec le décor vertical d’Op Art de Bruno de Lavenère à base de lamelles fixées sur trois panneaux mobiles. Ces écrans semi-translucides tantôt dissimulent les douze danseurs, tantôt les réfléchissent et les démultiplient au rythme de leurs allers-retours.


Oxymore assumé jusque dans les costumes et la mise en scène. Un savant jeu de contraste entre les lumières de Christophe Forey, la clarté compositionnelle de Richter et la voix d’outre-tombe de Robert Wyatt, l’auteur de Rock Bottom, récitant la poésie ténébreuse du japonais Haruki Murakami.


Avec son pas de deux néoclassique, la compagnie sous la direction de Bruno Bouché semble pouvoir tout danser. Dans On the Nature of Daylight, le vocabulaire de Dawson reste académique. S’il valorise l’adage, le port de bras, les pirouettes, les pointes et demi-pointes, les arabesques et les portés, il s’autorise aussi des glissés plus longs que de coutume et accélère par moments la vitesse d’exécution. Subtilement, le chorégraphe britannique s’émancipe du domaine des figures imposées.


À l’inverse, William Forsythe ose d’avantage et interroge l’héritage classique avec Enemy in the Figure. La dizaine d’interprètes sait se rendre à la hauteur d’une chorégraphie exigeante et virtuose pensée il y a près de 40 ans. Les danseurs tournoient et s’évanouissent derrière une muraille de bois patiné à la forme calamistrée qui rappelle les sculptures d’acier de Richard Serra.


Sur scène, un écran lumineux sur roulettes permet d’éclairer ponctuellement les mouvements et les corps au rythme de la bande originale signée du compositeur néerlandais Thom Willems. Après Balanchine, il paraissait inconcevable de continuer à faire du ballet. William Forsythe, arrivé après Cunningham, a décidé d’exister à la lisière du postromantisme et du postmoderne.


> Spectres d’Europe a été présenté les 27, 28 et 30 avril à La Filature, Mulhouse ;  du 25 au 30 juin à L’Opéra de Strasbourg

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