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D’entrée de jeu, les costumes de ville très colorés des interprètes — pantalon camouflage ou ensemble rouges — nous posent dans un flashback esthétique du début des années 2000. À cette période, la sphère de la danse contemporaine découvrait Pierre Rigal par ses soli aux scénographies mouvantes (Erection en 2003, Press en 2008), et à la gestuelle proche du mime. Le chorégraphe toulousain a ensuite appliqué son écriture physique, empreinte d’humour et de mélancolie, à des pièces de groupes rassemblant des interprètes aux parcours variés — hip-hop, danse classique, cirque. Aujourd’hui, sa dernière création Hasard donne dans l’irréel en faisant défiler des tableaux hétérogènes, quitte à friser l’éparpillement.


En ouverture, six interprètes arpentent le plateau en diagonale, puis se heurtent, s’entrechoquent, contrariant leur marche rigoureusement rythmée. Brusquement, des noirs intempestifs interrompent cette séquence et révèlent une toute autre scène. Dès ces premiers instants, Hasard est affaire de ruptures. Les danseurs tracent alors une géométrie nette dans l’espace par une série de gestes anguleux, qu’ils abandonnent ensuite pour d’autres plus fluides, déployés sur des nappes sonores, en suspens. C’est dans ce relais constant entre mélancolie et facétie que se niche la personnalité de cette proposition étourdissante.  


Pas question de s’appesantir dans la contemplation pour autant. Ici, le comique le dispute à la grâce : un ballon de rugby rebondit sur le sol dans un claquement cartoonesque, des néons glissent dans l’air, une phrase chorégraphique sautillante se répète inlassablement – et cet assemblage plastique et sonore de conférer à l’ensemble des atours de jeu vidéo. Ces tableaux, souvent étrangers les uns aux autres, sont-ils justement agencés au hasard, tel Merce Cunningham tirant au sort l’ordre des séquences quelques minutes avant une représentation ? Si le grain de folie de Pierre Rigal fait sûrement l’attrait de son esthétique, on peine à le suivre dans ce bouquet d’atmosphères par trop disparates. 


> Hasard de Pierre Rigal, les 19 et 20 janvier au Tandem, Hippodrome de Douai ; du 25 au 28 mai à la MC93, Bobigny

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