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La scène, très blanche, baigne dans une lumière crue. Une voix s’élève, hors plateau : Manon Santkin, encore dans les coulisses, sadresse au public. La danseuse décrit ce quelle ressent avant de performer la pièce de Mette Ingvartsen Manual Focus (2003) : trac, sueur, mais surtout envie duriner. Le ton complice, volontairement trivial, instaure rapidement une proximité entre interprète et public. Que ressent-on lorsquon saute sur scène pendant vingt minutes ? Comment le corps et ses humeurs se rappellent à nous, parfois de manière impérieuse ? Quelque part entre confidence et conférence, la danseuse dévoile tout, retraçant son travail avec cette chorégraphe phare des scènes européennes, à travers une sélection de séquences extraites de cinq créations – de 2003 à 2014. Mais ici, pas décor ni de casting au complet : juste un corps et un plateau dépouillé. Imaginons donc les corps désarticulés de Manual Focus, les orgies en combinaisons bleues de To Come (2005), les espaces naturels de The Artificial Nature Project (2012) ou le final endiablé de 7 Pleasures (2014). La danseuse détaille les scénographies, les costumes et les créations lumière, donne à voir les actions et les gestes, tissant habilement les mémoires partagées de celleux qui les ont interprétés avec les intentions artistiques de leur chorégraphe. Sa démonstration prend tout lespace scénique, et inclut même le public – le temps d’une simulation d’orgasmes pour une scène du film-spectacle Why we love action (2007). Une nouvelle chorégraphie surgit peu à peu du méta discours, la performeuse se transformant à mesure quelle remonte le fil de cette histoire intime de la scène. Son propre corps au sein d’un écosystème plus large.

 

Qu’il porte sur la nature, le genre ou la sexualité, le travail de Mette Ingvartsen cherche ce qui fait lien, contamine, nous contamine. Manon Santkin en tire ici les fils et souligne la position de l’interprète dans le processus artistique – en racontant les limites, le désir, le plaisir et l’épuisement. Ici le corps est cette surface d’expérimentation où le passé peut se réactualiser, où l’on assimile lautre en soi, et toujours se transforme. Solo épique, RUSH célèbre l’acte de performer dans toute sa joie et son urgence.  



RUSH de Mette Ingvartsen a été présenté du 22 au 24 octobre au Centre National de la Danse, Pantin

 du 31 janvier au 1er février à Viernuvier, Gent (Belgique)

le 28 mars au CNDC, Angers

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