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Au Portugal la folia est une danse de bergères et bergers apparue au XVe siècle. Un divertissement qui laisse libre cours à la décadence et abolit normes sociales et distinctions de classe. Présenté dans un double-programme à l’Opéra de Nancy, a Folia s’imprègne de ce folklore mais situe son action chorégraphique loin de l’univers pastoral : dans un club, cadre cher au chorégraphe Marco da Silva Ferreira.


Dans un assemblage de costumes chatoyants, les 22 danseurs du ballet de Lorraine débarquent avec une énergie plus proche de la meute de loups que du troupeau de moutons. Lancés dans un crescendo typique du chorégraphe, ils ne faibliront pas. Par petites grappes ou collectivement, ils déploient les gestes reconnaissables de l’artiste : des pliés très proches du sol, des jetés d’extase, de grandes impulsions comme venues de leurs entrailles.


Si la folia est une danse, c’est aussi une forme musicale qui a inspiré des compositeurs, de Lully à Vivaldi. Pour pleinement réactualiser cet héritage ancestral, Luis Pestana a fondé sa partition électro sur La Folia baroque de l’Italien Arcangelo Corelli. Accompagnant les respirations rythmées des danseurs en pleine action, les notes de clavecin s’harmonisent avec les BPM techno.


En contre-jour dans un nuage de fumée, le solo d’une danseuse se distingue soudain. Perchée sur pointe, en chaussures de sécurité ou de rando (déjà aperçues dans Fantasie minor, autre création du chorégraphe), elle apparaît telle l’incarnation du cygne noir, prête à réveiller quelque fantôme. Son apparition bien que furtive marque par la précision de l’image, tout comme cet instant collectif où les danseurs regroupés en arc de cercle miment de leurs bras les soufflets d’une forge embrasant un foyer imaginaire à leurs pieds. Car l’intitulé de la folia est née de l’association de cet objet – le fole – et du mot folga – le jour de repos en portugais. Sous la chorégraphie, Marco da Silva Ferreira tire les fils de l’histoire.


Malgré quelques clins d’œil appuyés, cet a Folia poursuit la quête qui anime le chorégraphe. Celle d’une recherche autour des espaces collectifs et des danses sociales d’hier ou aujourd’hui qui laissent les corps aller à la débauche, à la transe, à la folie, loin de tout contrôle. Ne nous étonnons pas de voir un jour se déchainer en clubs techno des adeptes du folklore paysan : selon Marco da Silva Ferreira les deux danses ont en commun bien plus qu’on ne le croit.


a Folia de Marco da Silva Ferreira a été présenté du 7 au 12 mars à Opéra national de Lorraine, Nancy

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