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Tout sourire, habillé en costume de fantassin du Moyen âge, dans un décor de formes géométriques en polystyrène assemblées façon jeu d’enfant, le comédien et metteur en scène Louis Bonard nous annonce la fin du monde. Rien que ça. Son premier solo, imaginé comme une série de 4 épisodes, vient nous parler de notre chute imminente (ici située à plus ou moins 10 ans) en revenant aux origines : l’Apocalypse de Saint Jean. Dans une analyse fine et documentée du texte biblique, dont il ne manque pas de nous livrer une version digérée, Louis Bonard, alarmiste et faussement naïf, interroge : comment, face à la catastrophe, rendre le message audible ?

« Que ceux qui ont des oreilles, entendent ! » Hurle le metteur en scène plusieurs fois au cours de ce premier opus de L’Apocalypse titré Le début de la fin. Le but est annoncé plutôt clairement. Et, pour parvenir à ses fins, notre messager a plus d’un tour dans sa besace : emprunter les rebonds scénaristiques des séries TV, teaser la suite des épisodes en promettant des effets spéciaux Hollywoodiens, user de déguisements, de trompettes épiques et musiques grandiloquentes – dont cette mémorable balade au piano qui titille les émotions... Mais c’est surtout l’humour qui fait basculer toute cette Apocalypse. De son air ingénu, avec un léger pincement sur ses lèvres, Louis Bonard manipule la chose comme un chimiste, dans un parfait équilibre. Mais lorsque on s’esclaffe un peu trop fort, qu’on glousse puis qu’on reprend son souffle, on se fait sermonner voire carrément gronder à coup de « pourquoi vous riez ? ». Et, c’est là que le spectacle se fait le plus entendre : pour parler d’un monde qui s’écoule, sans sombrer dans le désespoir démobilisant, la clé pourrait bien être l’humour. Louis Bonard nous fait donc rire pour nous renvoyer du même coup l’absurdité de notre rire, en pleine face, comme un boomerang. Car oui, dans le fond, il faut bien le reconnaître : la fin de l’humain et des possibilités de vie sur Terre ce n’est pas drôle, pas drôle du tout même.

 

> L’Apocalypse épisode 1 : Le début de la fin de Louis Bonard, a été présenté du 27 au 30 janvier à l’Arsenic, Lausanne ; du 8 au 10 avril à l’Abri, Carouge

> L’Apocalypse épisode 2 : Les adieux de Louis Bonard, du 2 au 5 juin à l’Arsenic, Lausanne

> L’Apocalypse épisode 3 : L’Adversaire de Louis Bonard, octobre 2022 à l’Arsenic, Lausanne

> L’Apocalypse épisode 4 : Promesses de Louis Bonard, avril 2023 à l’Arsenic, Lausanne

> L’Apocalypse Intégrale de Louis Bonard, printemps 2023 au Théâtre Saint-Gervais, Genève

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