Comme au stade, le public est disposé en rectangle autour de la scène. Mais à l’inverse des matchs de foot, pas de chants de supporter pour galvaniser les gradins avant le lancement des hostilités. C’est plutôt le silence. Celui-ci est vite rompu par les pas d’une troupe de carnaval : six danseurs coiffés de ce qui s’apparente à des ballons noir et blanc, le torse protégé par des cuirasses de la même matière, les pieds chaussés de crampons. Mais tout d’abord, quelques minutes d’échauffement règlementaire : claquements talons-fesses, crissements du cuir, cliquetis des crampons – transfigurés arbitrairement par les chorégraphes. Voilà le sextet reconverti en footballeurs sans ballon.
Et s’il n’y a plus de ballon, c’est pour exacerber la beauté du geste technique : tacles, passes, roulettes. Sans oublier la dramaturgie propre au match : sur un coup de sifflet, les interprètes miment en slow mo une décision de l’arbitre et une bagarre générale éclate – le tête contre tête et les simulations de chute comme passages obligés. Avec un engagement physique de près d’une heure, le sursis d’une brève pause pour toute mi-temps, la pièce rend hommage au Brésil, terre promise du football mondial, sur des rythmes de samba et un DJ set assuré par Éric Lamoureux. Dans le public, c’est la ola. La rumeur se fait vacarme, les cornes de brume le disputent aux cris de la foule. Un concert de sifflets et de cris d’oiseaux conclut l’affaire, le tout produisant l’effet d’une pièce contemporaine digne d’Olivier Messiaen.
Ce n’est certes pas la première fois que la danse se frotte au sport. Ici même, l’an dernier, Petter Jacobsson et Thomas Caley avait tenté Discofoot, autre relecture chorégraphique des gestes du sport. Goal restitue pour partie le rituel ou, plus exactement, la « dramaturgie d’un match », de manière documentée et jubilatoire.
Goal d’Héla Fattoumi et Éric Lamoureux a été présenté les 28 et 29 juin au Carreau du Temple, Paris, dans le cadre du Festival Jogging
→ du 4 au 7 juillet dans le cadre des Eurockéennes de Belfort
→ du 20 juillet dans le cadre du festival Patrimoines vivants au Stade Bonal, Sochaux
→ du 18 septembre dans le cadre du festival Cadences au Théâtre Olympia, Arcachon
→ du 20 septembre à Viadanse, Belfort
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