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Face aux forêts décimées, aux continents de plastique dérivant sur les océans, aux collines de détritus en bordure d’habitations, les poubelles jaunes et autres micro-initiatives offrent une bien maigre consolation en matière d’écologie. Ni maîtres savants, ni lanceurs d’alerte, les acolytes de la compagnie Groupe Fantôme bricolent avec Futur une fable utopiste tout en modestie qui, à défaut de changer la face du monde, offre une respiration d’optimisme entre deux cumulus de bad news.

 

S’il avait fallu organiser un casting pour décider de l’avenir de la planète, pas sûr que les trois loustics de Futur auraient remporté la mise. Bonnet à pompon branlant sur le chef, lacets traînants et hoodie d’ados tardifs, la fine équipe ne compte pas parmi les couteaux les plus aiguisés du tiroir. C’est pourtant bien avec eux que le Groupe Fantôme imagine une petite utopie au coin du feu. Pacte fictionnel oblige, c’est la compagnie dans sa version du futur qui s’adresse à nous pour retracer le récit d’une virée camping entre bros sur fond de reconnexion avec le sauvage, après la rencontre avec un ingé son lancé sur les traces d’une créature planquée dans les fourrés. Sur un rythme paisible, accompagné par le gazouillis des oiseaux et la caresse d’un soleil d’automne, ces voix venues de l’Après nous donnent de bonnes nouvelles du monde à venir. Promis, « ça va aller. »

 

Sous nos yeux, un dôme en nid d’abeille et trois gros cailloux en carton-pâte reconstituent par métonymie le tableau de la rencontre, autrefois en 2024. Ici, dans le pré carré de nature que s’octroie l’équipe le temps d’un weekend, Futur dresse le récit métaphorique des retrouvailles fortuites entre l’homo bobos sapiens et son écosystème originel. Et qui de mieux que ce trio d’anti-héros pour incarner les petites lorgnettes de l’égo et la difficulté à tendre l’oreille aux murmures des êtres et des choses qui ne s’expriment pas en tweet ? Dans une esthétique de nanar SF, rythmé par les compositions musicales cosmiques et autres incantations en autotune, le tout relevé d’un humour potache digne d’une sitcom des années 90, la création du Groupe Fantôme offre, l’air de rien, un shoot d’oxygène pour nos imaginaires asphyxiés.

 

Moins qu’une mise en scène des anticipations écologistes les plus savantes, la pièce du collectif francilien mène de front une parodie jouissive de thriller hollywoodien et un exercice de remise en forme pour imagination courbaturée. Et face à l’éco-anxiété dominante, leur narration biface a des vertus apaisantes : en duplex depuis le futur, la compagnie dans sa version ultérieure décrit le quotidien d’une communauté solidaire à travers un croquis sonore aux airs de méditation guidée. Pendant ce temps, la traque burlesque d’une bête mystère qui se joue sur scène détend les esprits et relâche la pression. À défaut de promettre des lendemains qui chantent, voilà au moins de quoi souffler avant de reprendre le chemin de la lutte.



Futur du Groupe Fantôme, le 26 novembre dans le cadre du festival OVNI au Théâtre de Châtillon


⇢ du 9 au 11 janvier aux Gémeaux, Sceaux

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