Entretien extrait du N°125 de Mouvement
Vous vous êtes fait un nom sur la scène contemporaine avec le solo Mascarades, qui reprend la légende de Mami Wata. Comment avez-vous rencontré cette divinité ?
Durant une fête de famille au Cameroun, l’un de mes oncles me souffle : « Attention, il ne faut pas aller se baigner dans la mer, il y a Mami Wata. » C’est la première fois que j’en entends parler. On la décrit comme une femme blanche, une sirène, aussi attirante que repoussante. Ces différentes représentations sont liées à l’arrivée des colons sur le continent africain et à la circulation des croyances. Elle n’est pas seulement présente en Afrique centrale mais aussi en Afrique de l’Ouest, en Inde, au Brésil ou à Cuba. Cette déesse incarne le rapport ambivalent entre l’Occident et l’Afrique, fait de violence, d’attraction, de répulsion. Au Bénin, les autels à son effigie sont constitués de tout ce qui incarne l’Occident : des parfums, des canettes de Coca, du talc. M