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« Au lendemain des accords du 26 juin 2003 relatifs à la réforme du régime des intermittents, les compagnies et artistes présents au festival VivaCité de Sotteville-lès-Rouen ont transformé le festival en forum permanent avec la population, les élus et les professionnels de l'action artistique et culturelle (directeurs de festivals, de structures culturelles, théâtres...).
Notre colère et notre exaspération rejoignent celle des artistes et des techniciens du spectacle : depuis 20 ans les artistes sont montrés du doigt comme des privilégiés, leur régime est sans cesse remis en cause alors même qu'il s'appuie sur un constat de grande précarité de leurs métiers et sur des valeurs de solidarité qui ont inspiré et fondé l'ensemble des institutions sociales françaises (éducation, santé, retraite, chômage...).
C'est une humiliation permanente : leur travail réel est nié, la confusion est volontairement entretenue entre le travail rémunéré (représentations et répétitions du spectacle) et la réalité quotidienne de leur engagement que nécessitent la création, l'entretien de leurs compétences, la recherche d'emploi qui ne se fait pas par petites annonces.
Comment exercer nos métiers dans la dignité quand on nous montre du doigt comme des dépenseurs d'argent public et qu'on a en permanence un couperet au dessus de la tête?
Pourquoi parle-t-on si rarement du travail de développement artistique, culturel et éducatif mené quotidiennement dans des milliers de villes en France, par des artistes et responsables culturels, de leur engagement envers et contre tout dans la lutte contre toutes les exclusions, les inégalités d'accès à la culture?
Nous ne dépensons pas de l'argent public, nous remplissons des missions de service public, et les subventions obtenues sont rarement à la hauteur des missions à assumer. Et pourtant, elles se réalisent grâce à l'engagement de tous les artistes et des acteurs culturels, sociaux et éducatifs.
La fragilisation du régime des intermittents est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Elle s'ajoute à d'autres mesures et incertitudes dans l'action publique culturelle:
-fortes augmentations des charges fiscales et sociales depuis dix ans
-fin du dispositif «emplois jeunes» sans réelle prise en compte des nouveaux services développés auprès de la population
-désengagement progressif de l'Etat envers les festivals et structures culturelles
-gel des crédits de l'Etat pour la culture en 2003 et rumeur de baisses importantes en 2004
-baisse annoncée des crédits interministériels de la Politique de la Ville pour le développement culturel, indispensables pour l'action permanente dans les territoire en difficulté
-fin annoncée du dispositif « Classe à P.A.C. (Projet Artistique et Culturel) », outil précieux d'ouverture à l'Art, en compagnie d'artistes
-baisse des crédits du FASILD (Fonds d'Aide Sociale pour l'Intégration et la Lutte contre la Discrimination)
-baisse de 20% du budget de l'AFAA (Association Française d'Action Artistique)
-raréfaction des crédits européens (crédits FEDER) annoncée pour 2006
-auxquelles s'ajoute le flou des projets de décentralisation dont nous pressentons un lourd report des charges de l'action artistique et culturelle sur les collectivités locales et territoriales, qui portent déjà l'essentiel de l'effort de financement de la culture en France.

Toutes ces mesures entraîneront une baisse immédiate du nombre des spectacles et des festivals, une forte augmentation du prix des places, la disparition de nombreuses compagnies artistiques mais également la fin dans toute la France des ateliers de pratique artistique encadrés par les artistes.
Nous sommes très inquiets pour l'avenir de la création artistique et de l'action culturelle en France. Cette stratégie d'étranglement économique porte une atteinte fatale aux fondements démocratiques de l'action publique dans la Culture, menée en France depuis plusieurs décennies.
Qu'en est-il de la place et du droit à la culture inscrits dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (art. 27), préambule de notre Constitution?
N'est-il pas indigne de « rogner » sur le régime de l'intermittence alors même qu'il est urgent de définir la place de l'artiste dans notre société et dans son évolution?
Est-il décent de stigmatiser toute une profession en la jugeant coupable de générer un déficit 100 fois moindre que les 70 milliards d'euros de perte de France Télécom?


Il y a urgence!
Plusieurs actions sont en chantier:
-rendre public et expliquer notre engagement par tous moyens d'information et de communication possibles;
-alerter nos responsables politiques locaux et nationaux des conséquences de ces attaques : nos structures, mais aussi leurs politiques culturelles sont en danger de mort;
-organiser des forum réunissant toutes les forces vives qui défendent les valeurs fondamentales de l'action publique (élus, associations, syndicats, population...);
-organiser la solidarité envers les artistes et techniciens en grève (par exemple : caisse de soutien...)

et bien d'autres sont à inventer.

Nous, responsables de structures artistiques et culturelles, appelons l'ensemble de la profession:
-à rejoindre et amplifier le mouvement initié par les artistes et techniciens intermittents du spectacle;
-à s'organiser au niveau régional pour la mise en place d'actions collectives pour les jours et semaines à venir;
-à participer massivement aux actions d'ores et déjà programmées pour les 2 et 8 juillet prochains»

Premiers signataires:
Farid Ben Taïeb (Théâtre Jean Arp, Clamart); Bruno Bonté (La Déferlante, Saint Hilaire de Riez); Christian Mousseau-Fernandez (Direction des Affaires Culturelles, Saumur); Claire Girard; Isabelle Sartori ("Rues & compagnies", Epinal); Philippe Saunier Borrell et Marion Vian (Pronomade(s) en Haute Garonne); Delphine Dotamanti et Frédéric Rémy (L'Avant-Scène, Cognac); Alix Sadler (Festival de Ramonville); Brigitte Duval; Magali Dufrien (Service Culture, Mers Les Bains); Philippe Macret (Fête dans la Ville, Amiens); Delphine Rocheteau (Musique Métisse); Peter Bu; Marik Kieffer et Palmira Archier (APSOAR, Annonay); Fleur Lefevre (Chalon dans la rue/l'Abattoir, Chalon sur Saône); Pierre Guilhou (Vialarue, Bordeaux); Virginie Foulcault (Les Turbulentes, Vieux Condé); Alexandre Cartier (L'Arbre à Nomades); Sandra Molnar (Zoé); Houssin Gérard (Caen Soirs d'été, Caen); Dominique Beyly (Fest'Art, Libourne); Alain Schmitz (Fête des artistes, Chassepierre/Belgique); Grelet Clotilde (Vive l'art rue, Créteil); Bruno Lathuliere (Centre Arc en Ciel); Caballero Gérard (Guiguettes &cies); Dubost Agnès (Charivarue, Cherbourg-Octeville); Myriame et Vincent Martin (Théâtreàlarue, Margny lès Compiègne); Fabienne Cortel (Animaijuin, Petit Quevilly); Hélène Cadiou (Cirque Théâtre d'Elbeuf ); Claude Morizur et Michèle Bosseur (Le Fourneau, Brest); Véronique Balbo (Service Culturel, Cergy Pontoise); Gérard Boucart (Renc'Art Pornichet); Pierre Dolivet (Cie Jo Bithume et Accroches Cœurs, Angers); Georges Luneau (Printemps des rues, Paris); Chantal Lamarre (Culture Commune, Loos-en-Gohelle); Patrick Belaubre (Festival Aurillac/Furies); Chaunac Jean Claude (Fête des Vendanges, Bagneux); Martin Jean Claude (Fête de la Ville, Orly); Pierre Sauvageot (Lieux Publics, Marseille); Daniel Andrieu (Atelier 231, Sotteville-les-Rouen); Françoise Arvesen (Service Culturel, Saint Denis); Pierre Layac et Jacques Quentin (Chalon dans la rue/l'Abattoir, Chalon Sur Saône); Christophe Marquis (L'Échangeur de Fère-en-Tardenois)

Cet appel peut être co-signé par mail : lafederation@mailoman.com

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