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Roma, twst, phonewifey et Babymorocco ont un business plan : devenir d’énormes popstars. Plus ou moins musicien·nes, ces enfants de la mondialisation appartiennent à ce qui se fait appeler l’hyperpop, une scène née à Londres il y a 10 ans : une digestion accélérée des marqueurs de la pop reflétée au miroir de TikTok. Une invitation à l’émeute écrite en émojis. Rencontre à Londres entre le Poppers et le dessert, et entre deux gouvernements.

Un reportage extrait du Mouvement N°116


19 heures, un jeudi soir, dans un petit club du sud de Londres : une centaine de kids à peine majeurs font des allers-retours aux toilettes. Ça sent le poppers et ça transpire la kétamine. Quelques un·es portent des oreilles de chat ; un certain nombre ont le visage tatoué sans qu’on sache trop s’il s’agit d’encre de Chine ou d’un maquillage d’Halloween – après étude, c’est un mélange des deux. Le volume sonore est analogue à celui d’un crash d’avion dans une usine de boules à neige. Les sept artistes du soir font du playback sur un micro autotuné. C’est un show infernal, comme si Lil Peep et Lady Gaga avaient décidé de tout foutre en l’air, ch...

e en l’air, changer d’identité, ouvrir ensemble une page Tumblr spécialisée dans les théories du complot, s’étaient nourris exclusivement de vodka-dragibus, avaient fait un voyage initiatique de deux ans en Flixbus puis repris le cours de leur vie autour de 2005 pour faire un comeback mondial dans une petite cave, un jeudi soir, à Londres. Cette soirée est la parfaite synthèse du genre musical qui se fait appeler « hyperpop » en 2022 : la rencontre de la bubble-gum pop la plus sucrée avec l’emorap le plus rocailleux, fruit du travail combiné de diplômé·es d’école d’art londonien·nes et d’adolescent·es avachi·es sur leur lit simple quelque part dans l’Oklahoma. Un son gênant et dysfonctionnel, un choc du futur et un shot de nostalgie. Si l’hyperpop est la musique du glitch, Londres est une des capitales de l’erreur système à l’heure actuelle. Les funérailles de la reine ont coûté 35 millions au contribuable ; les loyers ont augmenté de 20 % en 6 mois ; la longévité d’un Premier Ministre ne dépasse guère celle d’une charge de téléphone. Pour le monde de la musique, c’est une lame de fond. 25 % des boîtes de nuit et des salles de concert ont fermé ces cinq dernières années, en particulier les lieux queer. L’entrée à la Fabric, club légendaire du centre-ville, coûte 25 livres, et on fouille tes chaussettes. En

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