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Attention, dernières nouvelles (mise à jour jeudi 19 septembre, 21 h 30):
- A Paris, les intermittents du spectacle qui occupaient depuis mardi matin les locaux de la Direction régionale des affaires culturelles
(DRAC), ont suspendu leur mouvement jeudi soir à l'issue d'un vote en assemblée générale.
- En revanche, un groupe d'intermittents a investi ce jeudi la DRAC Provence Alpes Côte d'Azur, à Aix-en-Provence.
- Enfin, la Fédération des entreprises du spectacle vivant, de la musique, de l'audiovisuel et du cinéma (FESAC) "s'est félicitée", ce jeudi, de la nomination d'une mission d'étude chargée d'analyser le régime d'indemnisation du chômage des intermittents du spectacle. Cette mission a été confiée par les ministres de la Culture et des Affaires sociales, conjointement à René Klein, inspecteur général de l'administration des affaires culturelles et Jean Roigt, inspecteur général des affaires sociales. Cette mission devra rendre ses conclusions fin novembre 2002.

Chronique du mardi 17 septembre :
«La Drac Ile-de-France occupée, bonjour». Depuis ce mardi 17 septembre, c'est la phrase d'accueil du standard de la Direction régionale des affaires culturelles d'Ile-de-France, dont les locaux, rue de Charonne à Paris, sont occupés par les intermittents du spectacle. Et à Nantes, les intermittents se sont installés dans le hall du Conseil régional des Pays-de-Loire, suite à une assemblée générale tenue ce matin au Lieu Unique.
Après la manifestation organisée dans l'urgence qui a réuni près de 3.000 personnes à Paris, des Invalides à la rue de Valois, la mobilisation des intermittents monte d'un cran. De prochaines assemblées sont prévues dans les prochains jours dans plusieurs régions (calendrier sur le site internet de la Fnac-Cgt, www.fnsac-cgt.com), alors que le ministère de la Culture et le ministère des Affaires sociales entament un «tour de table» pour parvenir à une position commune sur ce dossier.
Le Medef semble en effet plus déterminé que jamais à tailler à coups de canif dans les annexes 8 et 10 de la convention Unedic, qui définissent les modes d'indemnisation du chômage pour les professions du spectacle vivant et de l'audiovisuel, voire à supprimer purement et simplement ces annexes et ramener les intermittents au même régime que celui des intérimaires: ce système obligerait les intermittents à justifier de 606 heures d'activité dans les dix-huit derniers mois pour avoir droit à... quatre mois d'indemnisation.
Une première charge contre le régime des intermittents a été portée cet été, avec l'annonce d'un doublement, au 1er septembre, des cotisations patronales et salariales. Dans son édition du 17 septembre, Le Monde estime que cet alourdissement des charges représentera pour des festivals comme Avignon ou Aix-en-Provence, des surcoûts de 45.000 à 60.000 euros. Mais ce sont bien entendu les entreprises les plus fragiles (compagnies indépendantes, notamment) qui vont être les plus directement touchées.
Jean-Jacques Aillagon, ministre de la Culture, s'est mollement opposé, en vain, à ce diktat du ministère des Affaires sociales sous pression du Medef. On pouvait croire que l'assaut en resterait là. Mais Pierre-Antoine Seilllère et Denis Kessler ont visiblement décidé de pousser leur avantage sur l'échiquier politique. Une étude de l'Unedic est tombée à point nommé pour «conforter» le Medef dans son entreprise de destruction. En soulignant que le nombre d'intermittents allocataires a plus que doublé en dix ans, passant de 41.000 à 96.500, l'Unedic chiffre le «déficit» du dispositif relatif aux intermittents à 739 millions d'euros en 2001. Un chiffre pour le moins spécieux. Depuis quelques années, les cotisations des intermittents sont comptabilisées séparément de celles des personnels permanents du cinéma et du spectacle. Un précédent qui sert de véritable «laboratoire» à l'encontre du système redistributif de l'assurance chômage... et dont font aujourd'hui les frais les intermittents. D'autre part, le nombre même d'intermittents est sujet à caution, car il est loin des données enregistrées par la caisse des Congés spectacles. En clair, cela signifie que le régime de l'intermittence est largement «piraté» par l'industrie de la production audiovisuelle (TF1 notamment) en qualifiant abusivement sous le régime de l'intermittence, et sans contrôle réel, certains emplois précaires. D'autant que par un jeu de montages financiers pervers, certaines de ces sociétés audiovisuelles disparaissent aussi rapidement qu'elles sont apparues et s'exonèrent allègrement du paiement des charges sociales! Tout cela, le Medef feint de l'ignorer.
Selon nos informations, le ministère de la Culture a proposé la base d'un accord pour régler ce dossier (déjà ancien) de l'intermittence. Le Premier Ministre aurait même donné son aval. Mais François Fillon, ministre des Affaires sociales, bloque tout. Pour une raison simple. Dans l'apparent «bras de fer» engagé avec le Medef, qui prône une déréglementation quasi-totale du marché du travail, François Fillon garde sans doute en réserve la question des intermittents, qu'il serait prêt à sacrifier sans états d'âme dans un troc sordide avec le Medef. Et c'est ainsi que les intermittents du spectacle se retrouvent pris en otage, comme monnaie d'échange dans une partie de poker entre libéraux et ultra-libéraux. Le hic, c'est qu'au-delà d'une simple question de «survie» pour la plupart des 96.500 intermittents recensés en 2001 par l'Unedic, c'est tout le secteur de la création culturelle qui est aujourd'hui menacé par la disparition programmée du régime de l'intermittence. Et cela, à un moment où les informations les plus alarmistes commencent à circuler sur les amputations dans les budgets 2002 et 2003 du ministère de la Culture.
Les intermittents qui occupent en ce moment la Drac Ile-de-France, isolés par un cordon de CRS qui interdit toute entrée et toute sortie du bâtiment, doivent être rejoints dans un combat essentiel pour l'avenir, où le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin montre son vrai visage. Il est vrai que le seul spectacle auquel ait assisté le Premier Ministre cet été aura été le son et lumière du Puy-du-Fou, sur les terres de Philippe de Villiers. Et là, c'est clair, on emploie plus de bénévoles que d'intermittents.

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