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Un concours télévisé du meilleur accouchement, un homme maniaque collectionneur d’éponges, un salon de coiffure qui fait des têtes au carré : voilà les images qu’on peut trouver dans les livres de Laura Vazquez. D’où lui viennent-elles ? La langue-espion de la poétesse s’aventure partout : sous les draps d’une grand-mère en soins palliatifs, dans l’appart exigu d’une famille nombreuse, dans la chambre d’un hikikomori accro aux forums en ligne. L’autrice fait de la littérature avec tout ce qu’elle trouve. Beaucoup de recueils (elle a remporté le Goncourt de la poésie en 2023) et un roman : La Semaine perpétuelle, paru en 2021. Ce qu’on écrit est fait pour être lu et entendu, vécu avec les autres. Et pour ça, quoi de mieux qu’une scène de théâtre ? Zéro, paru en novembre, est sa première pièce. On serait tenté de croire que Laura Vazquez est portée sur l’étrange, le sombre, voire le glauque. Pourtant, son œuvre est loin d’être nihiliste. Tous les weirdos qui errent sur les trottoirs de nos villes, toutes les âmes en peine qui soliloquent y trouvent refuge. Ses personnages se demandent : « Est-ce que les morts ont Internet ? » ou « Tu crois qu’on pourra faire des captures d’écran dans les rêves plus tard ? » Longtemps atteinte d’anxiété généralisée, Laura Vazquez fut élevée par sa grand-mère, phobique des orages et autres déluges. Elle en garde un attrait pour la cosmogonie, et une petite angoisse de l’ascenseur. Mais quand vient l’heure de poser les vraies questions, la poétesse ne tremble plus du tout : la vie, la mort, Dieu. Rencontre à Marseille, sa ville d’adoption, où elle s’est fixée comme objectif de lire tout le fonds du Centre international de poésie.


Entretien extrait du N°124 de Mouvement




Votre dernier livre s’intitule Zéro. Dans vos textes, les personnages résolvent des équations et comptent à peu près tout et n’importe quoi. Qu’est-ce que la poésie a à voir avec les maths ?

 

Dans une phrase, il y a une formule exacte. Si elle n’est pas exacte, si la virgule est mal placée, si le nombre de syllabes n’est pas le bon pour cette phrase-là à ce moment-là, ce n’est pas « ça ». Ce n’est pas la vérité. Ce n’est pas vrai. Pour les maths, c’est pareil. Le travail d’écriture et le travail de recherche mathématique sont assez proches : une recherche de l’exactitude et de la vérité, au sens large. Les mathématiques, à un certain degré d’abstraction, se rapprochent de l’art. Dans mes livres, les personnages, souvent, comptent. C’est, je crois, un trait profondément humain. Par exemple, prenons un cœur, des poumons, tous les organes, réunissons-les avec de

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