« Un égo-trip vulnérable. » C’est ainsi que Chloé Delchini définit Juste, la performance qu’elle présentera à la soirée concoctée par le CWB de Paris et les formations supérieures d’écriture françaises et belges. La jeune autrice a déposé son premier manuscrit auprès de grandes maisons d’édition et performe l’attente qui l’habite depuis. Au Labo_Demo, le récit de soi a une place de choix. La nouvelle génération aime se raconter et surtout, ne s’en excuse plus. Pour Norah Benarrosh Orsoni, documentariste sonore, performeuse et autrice, les critiques à l’encontre des démarches autofictionnelles sont largement dépassées. Celle qui tiendra une conférence sur le « déjà-vu américain » rappelle : « Ça arrange plein de gens de considérer que l’introspection ou le récit de soi sont des exercices autocentrés. C’était moins gênant quand les noms sur la couverture étaient masculins et déjà respectables. » Ça, c’est fait.
Livre fétiche
Après l’écriture manuscrite, le livre imprimé sera-t-il le prochain à disparaitre ? Le festival de la littérature « dans et hors les livres » ne tranche pas et propose des projets hybrides. Gabriel René Franjou écrit un roman d’artiste intitulé : Au revoir collines verdoyantes. Un texte amené à prendre des apparences multiples au gré des collaborations. Pour le festival, il proposera « un pot-pourri d’extraits » accompagné de musique et d’odeurs. Pour lui qui s’essaie à des formes inédites, l’amour du livre reste immuable : « J’ai beaucoup travaillé autour du numérique, de l’espace du web, et j’ai beau télécharger des pdf par mégabits, je suis de celleux qui pensent que l’objet livre reste non seulement le plus agréable, mais aussi le plus magique. » Noah Truong est poète, queer et publiera son premier ouvrage chez Cambourakis prochainement. Il présentera une lecture performée mais reste attaché au livre comme un puissant « objet de dissémination. » Il ajoute : « Mon recueil à paraitre parle de transition de genre, et je l’ai écrit en partie pour ça, pour qu’il existe comme livre, qu’il puisse être trouvé, ouvert, par n’importe qui au moment où cette personne en aura besoin. »
Vers une littérature multi-dimensionnelle
Malgré sa fidélité à l’objet livre, une génération d’auteur.ice.s invente de nouveaux outils narratifs et émotionnels pour faire de la littérature une expérience live et sensorielle. Gabriel René Franjou pense des façons d’écrire sans sacrifier son « goût pour les choses évolutives, versionnées, ouvertes aux modifications, aux détournements et aux hacks. » En bref, « une expérience hors-livre mais bien dans le monde. » comme l’explique Norah Benarrosh Orsoni. Point commun de toutes les formes programmées au Sample : le public. La dimension collaborative de ces travaux littéraires colle davantage à l’époque. Pour Gabriel René Franjou qui tease son prochain ouvrage à la manière d’un Théo Casciani, « il y a une complicité du public dans le dévoilement d’un travail en cours. » Une quatrième édition du Labo_Demo sous le signe du collectif, donc.
> Labo_Demo du Centre Wallonie Bruxelles au Sample le 12 mai 2023 à 19h30
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