Un reportage extrait du N°123 de Mouvement
À Bastia, sous le linge qui pend aux balcons, les murs décrépis de la rue Saint-François sont couverts de graffitis. On y dénonce le trafic de drogue et la pollution du plus long fleuve de l’île. La façade du cinéma le Régent, au bout de la rue, propose une autre iconographie : des posters du Comte de Monte-Cristo, de Deadpool & Wolverine ou du dernier épisode d’Alien. Ce genre de blockbusters, les Corses ont toujours pu en voir – et pendant longtemps, dans les salles obscures, on leur proposait surtout ça. Mais depuis dix ans, de nouveaux visages s’étalent sur la devanture des cinémas. On a pu y découvrir un ado en polo bleu muni d’un fusil dans une zone marécageuse de Porto-Vecchio ; un jeune en polo blanc enseigner la mitraille sur une plage de Sagone ; un homme au crâne rasé chantant sous une cascade de Tolla. Les patronymes aussi ont changé : Culioli, Memmi, Mozziconacci, Giorgi, ou encore Orsoni. Ces trois derniers noms sont à l’affiche de À son image, sous la mention « Cannes 2024 »