CHARGEMENT...

spinner


« Un mépris du public sommeille chez certains «cultureux». Le mouvement des intermittents du spectacle renforce cette impression, déjà éprouvée devant les fumisteries artistiques. En retardant l'ouverture du festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence, en faisant annuler le festival de Montpellier et celui de Marseille, en menaçant les festivals d'Avignon, Orange, Carhaix, Rennes, Pau, etc., les intermittents, enrôlés par la CGT et FO, ont choisi de pénaliser les spectateurs. Ces supposés créatifs se comportent comme des destructeurs.

Comment applaudir à ces coups de force, qui visent à empêcher des expressions culturelles? Une fois de plus, des mouvements de protestation, encouragés par une gauche extrémiste, maltraitent la démocratie à des degrés rarement atteints. Hier, des «profs» jetaient des livres dans les rues. Aujourd'hui, des «artistes» se disant dépositaires de «l'art et de la pensée» étranglent des représentations théâtrales, des spectacles de danse, des concerts, des expositions. Une dictature s'acharnant sur le Savoir et la Beauté ne ferait pas mieux.
Un vide culturel apparaît à travers ces luttes politisées, menées par des «acteurs citoyens» qui semblent considérer le «spectacle vivant» et le cinéma d'auteur comme des fantaisies bourgeoises, donc non respectables. Quand le PS dénonce «un enterrement programmé de la culture» à travers l'accord sur l'assurance-chômage – cause de l'épreuve de force engagée par la CGT, qui menace de «tout faire sauter» –, ce parti se range avec une indigne complaisance auprès de ceux qui ont choisi de saborder des œuvres de qualité et de mettre en péril des festivals qui pourtant les font vivre.

Quelques mots sur cet accord contesté. Il tend à corriger des excès dépensiers apparus dans le régime d'assurance-chômage des artistes et techniciens qui travaillent épisodiquement. Actuellement, les intermittents touchent huit fois plus d'allocations qu'ils ne paient de cotisations. Dans ce système dévoyé, ce sont les manants du textile et de la métallurgie qui financent les protections de la caste. Tout en préservant le régime très favorable des intermittents, l'accord réduit ses conditions d'accès et incite à travailler davantage. Il a été signé par la CFDT, la CGC et la CFTC.
Mais une mentalité d'ayants droit s'est installée chez un certain nombre de professionnels, surprotégés en vertu de l'«exception culturelle française». Subventions et allocations ont amené à déresponsabiliser des «créateurs», qui semblent s'être davantage rapprochés de l'assisté que de l'inspiré. D'ailleurs, l'actuelle contestation des militants de l'intermittence est menée par les syndicats non réformistes, défenseurs du statu quo pour les fonctionnaires.

Le plus saisissant reste ces solidarités obligées de la quasi-totalité des professionnels du spectacle et du cinéma, qui risquent pourtant de voir leurs efforts menacés par une partie des leurs. Mais le monde de la culture, qui a poussé jusqu'à la caricature le prêt-à-penser à gauche, se trouve piégé par un mouvement qui entend participer au harcèlement contre le gouvernement, la droite, le Medef... Les artistes sont menacés d'être bâillonnés par leur propre famille, mais ils n'osent protester. Dans le fond, peut-être subissent-ils ce qu'ils méritent. »
(Ivan Rioufol, Le Figaro)

Lire aussi

    Chargement...