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Le mouvement des intermittents du spectacle n'est pas un mouvement catégoriel. Il pose des questions bien plus vastes comme la place du travail dans notre société, la place de l'état. Il remet en cause les présupposés du libéralisme, c'est à dire la rentabilité à tout prix, ce qui rapporte du fric. La casse est déjà grande. L'idéal, ce vers quoi tout le monde devrait tendre, ce sont, ce que certains appellent les «avantages» des intermittents, les «avantages» des travailleurs de la RATP, de la SNCF, d'EDF-GDF, des profs. Que voulons-nous? Que chacun se débrouille seul et reste à la merci des grands patrons et de la bourse? La casse est déjà grande, je le répète, partout, dans tous les secteurs. Dans le domaine de la culture, il n'y avait pas besoin d'en rajouter dans la casse. Chacun, avant cet accord, arrivait plus ou moins à créer, avec des bouts de ficelles le plus souvent mais il y avait ensuite le problème de la diffusion. Les pièces sont jouées de moins en moins. La durée d'un film d'auteur est réduite à une semaine, celle d'un livre à trois mois (dans les meilleurs des cas quand ils sortent des cartons des libraires). Nous sommes déjà dans un système de rentabilité où les plus riches s'enrichissent et les plus faibles s'appauvrissent. Il y a trop de monde, nous dit-on, trop de médiocrité.
C'est un argument irrecevable, un argument qui vient d'en haut. Qui décide du critère de la beauté et de la qualité en art? Le seul critère est d'être juste, d'abord avec soi-même.

Dans ce contexte et parce que, injustement (idiotement) le gouvernement de droite le remet en cause, je suis pour étendre le régime des intermittents à d'autres catégories sociales comme les écrivains, les photographes, les pigistes, les chercheurs (lire à ce propos un livre très éclairant sur la précarité de toutes ces catégories de travailleurs «Les intellectuels précaires» paru chez Fayard l'an passé qui décrit à merveille comment, entre autres, la presse française tient sur un système de précarisation totale). Bref, en tant qu'auteur dramatique et romancier, je m'associe totalement à votre combat et davantage même, puisque je veux l'étendre (en tout cas réfléchir à tout cela).


le 6 juillet 2003.

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