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Addiction bonheur 


« Je suis un bout de merde, et le monde tourne autour de moi. » C’est sous l’angle de ce paradoxe que Marc interprète la toxicomanie dont il essaye de sortir. Une ligne de cocaïne, du shit, l’alcool, puis, l’héroïne et le crack, avant les antidépresseurs et les somnifères : il raconte comment ces diverses addictions l’ont fait devenir un « bébé roi » qui voulait tout, tout de suite. Dans Clean Time, le soleil en plein hiver, Didier Nion suit cet homme de 34 ans pendant les quatre années qui suivent son sevrage. Réapprendre à profiter de l’instant sans se laisser rattraper par la mélancolie ou le désespoir, revenir aux choses simples, manger, dormir… Marc (re)fait ses premiers pas dans la vie. De bébé capricieux il devient un enfant qui découvre le monde d’un regard neuf. Quand le monde marche à l’envers, le marginal est peut-être le vrai sage.

 

Clean Time, le soleil en plein hiver, 1996, Didier Nion, capture d'écran 


Vaincre la mort


Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. Pour Frank Cole, la mort de son grand-père est un deuil insurmontable. Afin de revenir du côté de la vie, le cinéaste canadien n’a d’autre choix que de risquer la sienne. Prenant sa traversée du désert au sens propre, il part dans le Sahara. Un périple d’un an, juste lui, ses chameaux et une caméra. Eau contaminée, cadavres d’animaux, morsures de serpent et perte de ses destriers successifs – sept succombent d’épuisement au cours du voyage –, jonchent ce lourd chemin de croix. Malgré les drames, c’est le sentiment d’une intense vitalité qui domine The Life without Death. Entre mélancolie et survie, le film opte pour la sur-vie.


The Life without Death, 2000, Franck Cole, extrait 


Mal héréditaire 


Lorsque sa famille est touchée par une maladie héréditaire, la peur de la transmettre à ses enfants s’ajoute à celle d’en être soi-même victime. C’est le cas de Laetitia Carton, plongée dans le doute en attendant le résultat d’un test qui lui dira si, comme sa tante, son cousin, ou son frère, elle est porteuse du syndrome de Huntington, une dégénérescence des neurones qui entraîne spasmes et troubles psychologiques. Dans une France pavillonnaire des années 2000, elle documente les différentes stratégies adoptées par les siens pour surmonter cette épreuve, tandis que sa mère affirme qu’il faut continuer « de faire avancer la famille ». La Pieuvre s’attaque avec courage au déni qui accompagne la maladie et redonne de l’espoir avec ses images de bonheur familial.


La Pieuvre, 2009, Laetitia Carton, capture d'écran 


Palmyre, mon amour 


Film scindé en deux par la guerre civile, Ahlan Wa Sahlan est le récit en ellipse de la destruction de Palmyre. Pour son second long métrage, Lucas Vernier remonte le fil de son histoire familiale liée à la Syrie depuis les temps coloniaux. Lorsque le conflit survient, ses images – pourtant récentes – basculent dans l’archive. Pour autant, le réalisateur dépasse le simple effet avant/après en proposant une réflexion subtile sur les lieux que l’on habite et desquels on est arrachés, que ce soit par la guerre ou l’effacement progressif des mémoires.


Ahlan Wa Sahlan, 2020, Lucas Vernier, bande-annonce


Au fond du trou 


Son aventure est une expérience aussi scientifique que philosophique. Quand il descend sous terre au royaume du minéral pour y vivre deux mois, le spéléologue Michel Siffre se confronte à l’absence radicale de repères. Sans montre et privé de lumière, il se fie uniquement à son rythme biologique. Dans de telles conditions, son journal intime devient sa seule boussole. Déjà dans un gouffre, Michel Siffre n’en finit pas de descendre, en lui-même. Perception altérée, états contemplatifs, angoisse. Pour rendre palpable cette sensibilité décuplée, la vidéaste Isabelle Putod ajoute aux archives photos et vidéos une bande-son psychotropique – la voix de Dalida passée sous Delay de sorte à lui donner des échos monstrueux, des bruits blancs et caverneux, des murmures d’outre-tombe – et des plans abstraits. Comme ces images de la voie lactée qui nous rappellent qu’enfermés dans un intérieur minuscule ou face à l’infini, un même sentiment de vide nous accable.


L'Exilé du temps, 2016, Isabelle Putod, bande-annonce 


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