Une rencontre extraite du N°120 de Mouvement
Fin d’une représentation de La Mariée et Bonne nuit Cendrillon au KVS à Bruxelles en septembre dernier. Rendue inconsciente par un substitut de GHB pendant la majeure partie de la pièce, l’auteure et performeuse Carolina Bianchi se réveille et salue le public. C’est la descente après 2h30 d’une fantasmagorie autour du viol et de sa figuration dans les arts, forant par le verbe et la scène jusqu’aux fondations de l’abjection humaine. Depuis les premiers rangs, un bruit s’élève, presque animal. C’est le spasme de douleur d’une jeune fille, prostr
Quelques mois après, l’instigatrice de cette crise de larmes, et sans doute de bien d’autres, se tient sagement dans les gradins vides du Théâtre Frascati, une des structures qui l’accompagnent depuis son arrivée à Amsterdam il y a trois ans. Chapeau en feutre, scarabée en diamants clipsé au pull, un exemplaire en anglais de La Littérature et le Mal de Georges Bataille à ses côtés, la Brésilienne respire l’humilité, la douceur et la cérébralité. Comme chez la plupart des artistes qui envoient du lourd sur scène, son assurance au plateau est contrebalancée par une fragilité à la ville. Elle est d’ailleurs au clair sur cette dichotomie entre art et vie, vrai et faux. « C’est superficiel, pose Carolina Bianchi. Je ne vise pas l’autobiographie, mais la tragédie. Il n’y a pas de vérité sur scène, et la chercher ne soulage pas. Quand Œdipe comprend qu’il a tué son père et fait l’amour à sa mère, on ne peut pas dire que ça le délivre. “Fuck catharsis ” , c’est à moi que je l’adresse. Le public, lui, vit ce qu’il veut pendant la pièce. Ce n’est pas &agra
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