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Silence. Bruits de corps qui résonnent. Onomatopées, fous rires, pieds frappés au sol scandent un rythme soutenu. Dans Zona Franca, Alice Ripoll met en exergue la musicalité inhérente aux danseuses et danseurs brésiliens. Lors de l’édition 2009 du festival Panorama à Pantin, la chorégraphe s’attachait déjà à faire entrer les danses originaires des favélas dans les salles de théâtre. Pour cette nouvelle création, elle réitère et s’associe à Suave, compagnie experte du passinho (« petits pas » en portugais), style urbain aux jeux de jambes ultra-rapides, aussi proche du hip-hop que des danses traditionnelles brésiliennes (samba, frevo ou forro). 


Par-delà le bruit des corps, la bande-son donne à la scène des allures de dancefloor avec ballons suspendus. À la vélocité du passinho s’ajoute une constellation de gestes glanés ci-et-là, dans laquelle on reconnaît twerk, headspin et voguing. Plus cryptiques, des danses typiques du nord du Brésil, pisadinha et brega funk, demeurent à peine perceptibles dans la fluidité des mouvements.


Outre ses gestes, la compagnie Suave déploie une théâtralité toute en contrastes dans une scénographie modeste : un vélo, une table ou un gâteau d’anniversaire, fragments de la vie en communauté des favélas. Une façon d’être ensemble dans la grande proximité, des corps se calant sur les mêmes rythmes, collés les uns aux autres, empilés, formant des sculptures étranges, quasi monstrueuses. Au fil des tableaux, Zona Franca ose le grotesque ou l’obscène : poings dans la bouche et autres frottements de l’entrejambe. Un poil chaotique, la pièce revendique un espace de libération où mélancolie, fête et jouissance font bon ménage. 



Zona Franca d’Alice Ripoll :

⇢ du 6 au 8 juillet au Festival de Marseille 

⇢ le 14 octobre au TANDEM (Arras)

⇢ les 20 et 21 octobre à Charleroi Danse 

les 9 et 11 novembre au 104 dans le Festival d'Automne (Paris) 

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