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D’abord il y a cette boîte : une architecture à taille humaine, parfaitement cubique, légèrement transparente, posée presque au centre de la scène et émettant de la lumière. Puis les sons, des chants de femmes, plutôt rythmés ou glissant vers la berceuse. Enfin la danse : ciselée, élastique, rebondie, ancrée dans le sol, avec les genoux bien pliés. Trois éléments qui s’assemblent et se soutiennent dans la création douce et enjôleuse de Gregory Maqoma. Pour quatre danseuses du ballet de l’Opéra de Lyon et une chanteuse folk, rock, pop, Angela Flahault, le chorégraphe sud-africain, icône de la danse contemporaine dans son pays, a imaginé tout un paysage : The Valley of human sound.

 

Villes et vallées

Il suffit de presque rien – un peu de fumée, des lumières, le sol recouvert d’un motif marbré, un grondement ou des tissus suspendus – pour nous transporter dans cette vallée et oublier les murs du théâtre. Mais les paysages dont il est question ne sont pas seulement naturels. Lorsque les danseuses transforment la boîte en échoppe, quand elles se mettent à danser quelques pas de pantsula – danse de contestation des communautés noires sud-africaines – ou lorsque des lumières de club s’allument, on se retrouve directement propulsés dans la vie urbaine de ce qu’on imagine être Johannesburg. Né à Soweto, un township au sud de cette métropole, Gregory Maqoma a pour habitude d’intégrer un peu de son vécu, marqué par l’apartheid, dans ses créations.

 

 

Il ne faudrait pas pour autant se fier à la sensation de réalisme que dégage cet univers visuel soigné : le chorégraphe a aussi pour crédo de balader les spectateurs de scènes de société à des contrées plus imaginaires. Ce sont les chants orchestrés par les cinq femmes, « magiques » selon Gregory Maqoma, qui nous y conduisent. On écoutera alors ce rêve chanté d’une petite fille alpiniste escaladant un menhir pour y cueillir une fleur bleue, tout en observant chacune des danseuses devenir un peu plus fortes à mesure qu’elles s’enracinent dans le sol. Avec ce dernier né qu’est The Valley of human sound qui adresse par le chant – souvent tendre – et la danse – souvent fluide – un message d’apaisement et d’empuissancement féminin, on aura qu’un seul regret : celui que le voyage, d’une petite cinquantaine de minutes tout au plus, ne dure pas un peu plus longtemps.

 

The Valley of human sound de Gregory Maqoma avec le ballet de l’Opéra de Lyon jusqu’au 30 décembre au Théâtre de la Croix-Rousse, Lyon ; du 26 au 28 janvier à la Comédie de Valence

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