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À Nancy, nos apprentis ministres se sont réunis le 30 juin sous la houlette d’Édouard Philippe pour un séminaire-formation balayant les enjeux gouvernementaux. Les abords de la gare sont bouclés, l’accès à la place Stanislas au centre de la ville se fait à coup de fouilles et regards suspicieux dans une atmosphère orageuse. Partageant le même trottoir, à l’Opéra se joue des enjeux plus légers, et c’est tant mieux. Le Ballet de Lorraine y présente le dernier temps de sa saison dédiée aux plaisirs. Après Les Plaisirs inconnus qui braquait les projecteurs sur la virtuosité des interprètes, plus que sur les cinq auteurs, gardés anonymes, le ballet prend ensuite la route des Plaisirs de la découverte.

Corps flamboyants en vêtements de ville, leggings brillants et basquets, encadrés d’un pendrillonage en plastique transparent, la pièce en trois parties de Peter Jacobson – patron de la maison – et  Thomas Caley ouvre le bal. Sur scène, sauts, vrilles et entrechats s’enchaînent toujours plus haut, toujours plus vite et on se surprend à regarder ce vocabulaire classique exagéré comme une forme de danse tribale occidentale. Luisants et électrisés, les danseurs abandonnent la hauteur pour une danse tellurique, la scène prend des allures de club. Avec souplesse, ces danses de fête, mi-baroques mi-techno, s’évanouissent, le ralentissement opère, et le club devient arène. Record of Ancient Things annonce une exploration contemporaine des infinis possibles de l’acte créatif, il semblerait pourtant que le chantier n’ait pas réussi à dépasser la forme classique, oubliant un peu le plaisir de la découverte. Enfin, le rideau tombe sur les corps essoufflés des danseurs-tragédiens, qui apaisent leurs passions dans les doux reflets aquatiques qui éclairent encore le plateau.

 

Dans une seconde partie, c’est le chorégraphe Rachid Ouramdane, invité par le ballet, qui s’essaye à l’exercice d’une composition d’ensemble. Murmuration, chuchoté en un souffle délivre une danse fluide, animale et incandescente. En tenue rouge sang, le groupe ne semble pas avoir de leader. Comme dans un banc de poissons, les circulations fluides travaillent l’inertie de la masse, les gestes se font et se défont entre détours et contrepoids. Avec la même obsession que celle qui nous scotche devant un feu de cheminée le mouvement continue en va-et-vient : des corps se jettent dans les bras du groupe,  la masse enfouie un duo, aussitôt reformé. Ce sont alors, les travaux de Ted Shawn, figure de la modernité, et ses explorations de la succession dans Chaque petit mouvement qui nous reviennent étrangement à la mémoire. Mais le chainage se brise quand le monochrome rouge s’éteint et que groupe finit pas s’individualiser en laissant apparaître les ombres grandissantes de ces 21 brillants danseurs.

 

Les Plaisirs de la découverte du Ballet de Lorraine a été présenté du 29 juin au 2 juillet, à l’Opéra national de Lorraine, Nancy

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