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Le tableau d’ouverture est d’un calme trompeur : un duvet neigeux, un arbre blanc et un château dans les mêmes tons. Un personnage en combinaison tout aussi blanche se présente. C’est « l’enfant blanc » et il nous prévient : nous sommes dans son rêve. Ici point de sanglier à la broche ni de joute équestre. Conseillés par des médiévistes dans la création de sa pièce, Olivier Martin-Salvan a troqué les clichés obscurantistes qui collent à cette période de l’histoire contre une vision poétique et onirique. Et ce sans perdre son énergie trublionne.


Soudain tout un village s’active : on y trouve un vieillard bafouillant un langage incompréhensible, un bon roi empli de sagesse, un chevalier sans combat. Au total, quinze interprètent donnent vie à cette petite communauté, tous en combinaisons intégrales aux couleurs vives, inspirés des armoiries et blasons d’antan (revisités par Clédat et Petitpierre). Cet univers est la production imaginaire d’un enfant dormant depuis fort longtemps. Tant qu’il roupille, les villageois assurent le show. Du drame suggéré d’un garçon dans le coma né ce plaisir de l’histoire racontée. Et des histoires, il en abonde : des sketchs tantôt doux ou graveleux. Parmi ceux-ci, l’histoire d’un boulanger qui pétrit davantage sa pâte que sa femme, Dame Bugne. Celle-ci se laisse séduire par le diable qui lui lance un sortilège : ses jupons se transforment en crocs et avalent un à un ses voisins et voisines. Entre ces bouts de comédie, la pièce pourrait bien virer au clownesque. Pourtant, c’est un ton contemplatif qui domine ce Péplum.


Avec l’attente comme thème, le remake d’En attendant Godot n’est jamais loin. Mais Olivier Martin-Salvan contourne l’écueil : en dépit de la dose d’absurde et de sarcasme qui font sa marque de fabrique, le metteur en scène veille à conserver naïveté, enthousiasme et douceur. Les blagues, y compris les plus grasses, sont toutes relevées par un zeste de candeur – nous sommes dans la tête d’un enfant après tout. La moquette recouvrant la scène évoque une chambre et le château un fort miniature. La musique, qui donne dans le rétro-gaming, conforte les temps les plus méditatifs de cette expérience – notamment le final dansé, pendant lequel l’enfant rencontre et remercie les personnages de son rêve. Par-delà la farce, et grâce à un jeu soigné entre les registres, Péplum Médiéval développe sa propre poésie. De quoi alimenter une vision moderniste et enjouée du Moyen-Âge telle que celle appuyée par l’historien Patrick Boucheron – qui fait partie des experts consultés pour cette pièce.


Péplum médiéval d'Olivier Martin-Salvan a été présenté du 1er au 3 février au CENTQUATRE, Paris


--> du 26 au 30 mars au Lieu Unique, Nantes

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