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The periphery of the base de Zhou Tao 

 

Des ouvriers asiatiques vaquent sur un chantier en plein Désert de Gobi. Deux d’entre eux déjeunent – ça cause poiscaille et patron. Plus tard, un agent de chantier et un paysan, présume-t-on, échangent sur le prix du bétail et l’extraction d’eau. Mouvante, par à-coups, la caméra les colle au zoom, de loin. Elle est mue par un instinct ciblé, tout à la fois sonde terrestre et témoin distancié. Puis son œil délaisse l’activité humaine. Il s’attarde sur les textures au sol et les effets d’échelle entre hommes et paysage. Un plan séquence se précise : fin de journée de travail, retour au baraquement. Les travailleurs décrochent, le film aussi. Sans crier gare, le geste documentaire est avalé dans un tunnel de signaux, de matières et de vitesse. Le réalisateur chinois Zhou Tao livre ici une forme rare et exerce notre regard. Comment recevoir, d’un même trait, observation sociale et abstraction visuelle pure ?

 

27 mars, 18h15 au Forum des images / 28 mars, 18h à la Bulac / 29 mars, 13h45 au Centre Pompidou

 

Sauve qui peut d’Alexe Poukine 

 

Dans un hôpital, des comédiens incarnent des patients pour entraîner les étudiants à annoncer de mauvaises nouvelles. Amputation, cancer, mort prochaine. Le faux travaille le vrai, le simulé perce les tripes. D’un côté, le fameux paradoxe du comédien, de l’autre, l’apprentissage d’un métier aux limites de la vie, là où le care saigne. Mais peut-on vraiment s’entraîner au pire ? La réalisatrice belge Alex Poukine saisit ces instants comme des moments de cinéma. Elle épouse ces saynètes bricolées, authentiques parce qu’utilitaires. Puis elle dézoome sur l’organe hospitalier dans son ensemble. En théâtre forum, les soignants-souffrants décompensent et crachent le morceau. Sauve qui peut suit de près ces jeux de rôle, ces thérapies de groupe. En performant le réel se disent la vulnérabilité et les impasses d’un corps de métier à cran et de la société qu’elle voudrait protéger.  

 

24 mars, 14h au Centre Pompidou / 26 mars, 13h45 au Forum des images

 

Aeroflux de Nicolas Boone

 

L’aéroport Charles de Gaule : son ballet d’avions, son trafic continu. Ni terminal, ni duty free, ni piste d’atterrissage : nous n’en verrons que l’extrême périphérie, et à vélo, mobilité douce sous les oiseaux de fer. Sur son guidon, Nicolas Boone a planté un Iphone. Il zone, GPS à l’appui. Traveling souple, grand angle, on glisse avec lui. Le voilà Georges Perec de l’urbex dans le village fantôme de Goussainville. Ou sourcier des marges sociales sur les vestiges d’un camp de gens du voyage. Ou biker kamikaze sur les terre-pleins d’autoroute. Ou encore gatecrasher d’espace de livraisons à « Cargo City ». Voiture, piéton, jogger, cycliste – ici on ne vit pas, on circule. Les flux du commerce global ont leurs espaces. Quelles sont leurs formes ? Quelles scories laissent-ils à leur bordure ? Aeroflux scanne ces terres liminales à hauteur d’homme, en clandestin, sur une steady-cam DIY à deux roues. 

 

28 mars, 16h45 au Forum des Images / 30 mars, 16h45 au Centre Pompidou



Le festival Cinéma du réel, à Paris du 22 au 31 mars.

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