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Sean Price Williams a signé la photographie de dizaines de films indépendants américains, dont Frownland de Ronald Bronstein et certains des plus délirants des frères Safdie, mais c’est la première fois qu’il porte la casquette de réalisateur. Avec The Sweat East, il donne forme à l’un de ses rêves : faire un film sur la côte est des États-Unis, et sur tous les hurluberlus qui la peuplent. Dans une épopée qui a la saveur douce-amère d’un bonbon fourré au LSD, l’héroïne incarnée par Talia Ryder, Lillian Wade, traverse la société américaine par ses extrémités, comme Alice au pays des freaks. Fuyant un voyage scolaire, elle passe de l’autre côté du miroir et se perd dans diverses communautés : Lillian squatte le canapé « d’artivistes » qui veulent casser la gueule des fascistes, Lillian fréquente un néonazi amateur de poésie, Lillian se laisse embarquer comme actrice sur un film indépendant vraiment snob, Lillian se fait séquestrer par un jeune islamiste qui danse sur de la techno. Partout, les hommes essaient de l’embobiner, mais Lillian s’en sort toujours sans une égratignure. À la jonction entre Harmony Korine et Robert Altman, The Sweet East offre le spectacle d’une société saturée de paradoxes, avec un humour corrosif qui risque de faire grincer quelques dents. On devine avec quel plaisir Sean Price Williams a envoyé balader les prérequis d’un cinéma « engagé » : un jeu d’équilibriste sur la corde du politiquement correct qui se révèle parfois vain. Regard malicieux et dégaine de dude qui masquent mal sa timidité, il nous raconte son aventure depuis les hauteurs de Topanga, aux confins de Los Angeles, où il manœuvre la caméra pour le prochain film de Virgil Vernier.

Qu’est-ce qui vous a fait pointer votre caméra vers la côte est des États-Unis ?

Nous voulions avant tout écrire un film sur l’Amérique d’aujourd’hui. La genèse de The Sweet East remonte à 2017, dans le climat politique inédit que vient tout juste d’instaurer l’élection de Trump. À cette époque, j’ai depuis longtemps déjà le désir de réaliser un long-métrage, mais l’écriture n’est pas mon fort. Pour le scénario, je mets donc mon ami Nick Pinkerton sur le coup, parce qu’il connaît le cinéma mieux que quiconque. Il m’a d’abord proposé une histoire sur une bande de trentenaires en pleine crise existentielle dans l’État de l’Ohio, un peu à la façon de Les Copains d’abord (1983) de Lawrence Kasdan. Pas de bol, c’était un sujet et une région qui ne m’intéressaient pas du tout. Gamin, j’ai écum&eacu

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